Kill Bill où le film qui a bercé mon adolescence, un chef d'oeuvre absolu qu'il est indispensable de voir. Sur un scénario simpliste, Tarantino étale sa connaissance cinématographique, la culture underground comme la plus populaire. Pour définir le film, on pourrait dire que c'est un film contre culture mais avec ce qu'il faut de folie communicative pour plaire au grand public comme aux cinéphiles. Le film commence par une scène pour le moins sanglante, plongeant ainsi le spectateur dans la torpeur dès les premiers instants. Et après un long générique magnifié par la fabuleuse Nancy Sinatra et son cultissime Bang bang, on retrouve un rythme effréné, des scènes d'une diversité surprenante. On se retrouve pris dans un long combat à mains nues, puis dans une autre scène plus intimiste juste après, pour ensuite être plongé dans un manga et finir par se paumer dans une atmosphère japonisante, kimono de rigueur et sabre en l'air, en mode Kung-fu. Tarantino distille les genres, mais son point fort, c'est qu'il le fait avec une fluidité et une virtuosité incroyable. Le spectateur n'a pas l'impression d'être témoin d'une succession de scènes difformes, qui ne vont pas les unes avec les autres. Au contraire, chacune d'elle prend une ampleur considérable et les scènes plus intimistes, dramatiques ne sont jamais écrasées par les scènes d'actions.
Le film aborde un thème douloureux, mais se permet pourtant une auto-dérision très présente. La violence y est exacerbée, surenchérit et Tarantino montre bien qu'il s'éclate derrière sa caméra comme un adolescence de 17 ans, amateur de gore encore et encore. Il est obligatoire d'avoir un certain second degré pour apprécier ce film. Les autres seront plutôt : "Non mais c'est pas crédible blah blah blah". Kill Bill fait parti de ses films qui assument le grotesque, se prône nanar de l'année, film de série Z tout en gardant malgré tout une grande subtilité pour ne pas réellement verser dans le grotesque.
Quand est-il de l'esthétisme du film ? L'intensité repose principalement sur le visuel. Les dialogues sont peu nombreux (mais quand ils sont là par contre, on ressent bien la plume de Tarantino. En montre l'exemple du monologue de Bill : "Je lui ai mis une balle dans la tête mais sont coeur a continué à battre."), mais le talent de Tarantino se fait ressentir par ses longues périodes de trans, aux images parfaites sublimées par une bande son toujours exceptionnelle. On pourrait presque se contenter de cette beauté plastique pour admirer le film.
Bref, Kill Bill est une expérience incroyable, aussi troublante que délirante, tour à tour dérangeante et efficace. Quand on a vu ce film, on a qu'une seule envie, voir le deuxième. Ou alors on reste insensible à la plastique du film et la verve de Tarantino. Autrement dit, on est incapable d'apprécier le vrai cinéma.
Ce film est un tel concentré de cultures passées que ne pas s'y intéresser serait renier le 7° art.