Me concernant, il y a deux façons d'aborder « Matrix Reloaded » : l'une est le soulagement tant celui-ci m'avait laissé un souvenir affreux lors de sa sortie au cinéma (et pourtant j'étais ado ! J'aurais dû adorer), sentiment nettement moins intense lors de ce nouveau visionnage. L'autre est de se rendre compte que néanmoins, cette suite présente beaucoup de problèmes ne lui permettant pas un seul instant de rivaliser avec son prédécesseur (que j'apprécie sans être un fan absolu). Niveau points forts : le budget a manifestement explosé, permettant d'en mettre plein la vue à travers des effets spéciaux et des décors proprement hallucinants, offrant une immersion parfois impressionnante dans cet univers virtuel très ambitieux. Malgré quelques gros loupés (ouh les doublures de Keanu Reeves, et qu'est-ce que c'est que ce délire où ce combat géant avec les M. Smith se transforme en dessin animé ? Est-ce au moins volontaire??), les combats ont de la gueule : nous sommes encore à l'ère pré-numérique envahissant tout et c'est appréciable. Niveaux points faibles : le budget a manifestement explosé... On sent bien que presque tout a été misé là-dessus et qu'il ne reste plus beaucoup de place pour le reste, à l'image d'un scénario vaguement compréhensible au départ pour l'être de moins en moins au fil des minutes, sans parler de fautes de goût assez dingues : ce look cuir omniprésent doublé de pas mal de coupes de cheveux improbables, ça passe difficilement en 2020 et ne paraît même pas en phase avec le reste (je passerais également sous silence (ou pas, du coup) le côté incroyablement politiquement correct tant l'on retrouve des comédiens noirs et asiatiques à tout bout de champ), ces ralentis improbables récurrents ou une bande-originale très techno fort dispensable. Qu'on soit ambitieux, je trouve ça génial. Qu'on se donne des grands airs philosophico-abscons pour justifier à peu près tout et n'importe quoi, je suis nettement moins convaincu, et je suis persuadé que ce deuxième volet eut été beaucoup plus efficace sans toutes ces grandes phrases ne débouchant pas sur grand-chose. À noter sans doute l'une des plus longues scènes d'action de l'Histoire du cinéma :
une bonne grosse baston suivie d'une interminable course-poursuite sur l'autoroute
, certes extrêmement bien foutue mais qui aurait manifestement gagné à être nettement plus concise. Reste le charisme de Carrie-Anne Moss, permettant presque de rendre cette improbable histoire d'amour touchante, les personnages (notamment les seconds rôles, dont celui assez ahurissant interprété par un Lambert Wilson... inattendu, dirons-nous, sans oublier les étranges motivations de son épouse (Monica Bellucci, ni bien ni mal) dans leur ensemble nettement moins soignés, où chacun a surtout son moment et rien de plus, si ce n'est, éventuellement, ce conseiller interprété avec classe par Anthony Zerbe. Du coup, j'étais passé directement au troisième volet il y a cinq ans histoire d'avoir vu la trilogie, pour redécouvrir le premier il y a quelques mois et finalement retenter (quand même) celui-ci, avant de revoir dans la foulée « Matrix Revolutions » : au moins, comme ça, je serais au clair sur la saga, même s'il paraît évident que l'originel se suffisait amplement à lui-même.