C’est surtout la musique du même nom qui m’a incité à regarder Je t’aime moi non plus. Au final, voilà un film non dénué de qualité, mais qui confirme tout de même que Gainsbourg était meilleur compositeur musical que réalisateur.
Coté casting, le métrage s’appuie sur des acteurs plutôt solides. Jane Birkin tient bien son rôle, même si elle peine parfois à lui donner une réelle consistance, de la densité. C’est un problème d’ailleurs qu’elle partage avec Joe Dallessandro, capable par moment de déployer une présence et un charisme fort, et d’autres fois de s’effacer sans grande raison. C’est moins le cas des quelques autres acteurs, notamment Reinhard Kolldehoff, qui n’a certes pas une grande place, mais l’occupe franchement très bien. Il y a par ailleurs une petite apparition de Gérard Depardieu. Dans l’ensemble c’est convenable, mais pas transcendant.
Le scénario lui est assez étriqué. En fait le film ne raconte pas grand-chose, et parait s’étirer artificiellement en longueur. Il y a beaucoup de passages à rallonge qui ne présente pas d’intérêt, les relations entre les personnages paraissent curieusement superficielles alors que c’est ce qui est au cœur du film. Par ailleurs à force de grossir le trait, plutôt que de ce retrouver avec un film franchement caustique ou satyrique comme dans les bons Mocky, Gainsbourg se retrouve finalement avec des caricatures ambulantes, d’où seule surnage une Jane Birkin un peu plus subtile. En clair le résultat peine à convaincre. Heureusement il y a de bons moments aussi, Gainsbourg arrivant plutôt bien à entremêler romantisme et érotisme brutal, la conclusion tient la route, et on ne peut nier une ambiance particulière.
Visuellement, Je t’aime moi non plus est inégal. La mise en scène est à la hauteur, c’est certain. Elle donne vraiment l’impression d’avoir été travaillée, pensée, et elle apparait clairement être le résultat d’un travail d’artiste plutôt que de technicien, ce qui est une très bonne chose. La photographie malheureusement n’est pas au niveau avec des couleurs fades, des contrastes de clair-obscur peu convaincants. Il y a l’âge du film sans doute, mais visuellement le résultat n’est pas très engageant. Les décors sont un peu dans la même veine. Offrant certes des extérieurs pour certains très agréables, mais proposant pour le reste un résultat assez pauvre et parfois même, assez laid. Ce film se traine une réputation érotique assez prononcée. Elle est partiellement méritée, puisqu’en effet il y a des scènes de sexe assez crues, qui parsèment le métrage. Maintenant ce n’est pas non plus démentiel, et il n’y a rien de vraiment trash dans ce film, du moins de nos jours. Évidemment excellente bande son, qui est sans sourciller le meilleur point du film et colle à merveille aux images.
En résumé, Je t’aime moi non plus est convenable. Il n’a pas en dehors de sa bande son de très grosses qualités, néanmoins relativement bien servi par une mise en scène solide, porté par des acteurs globalement au niveau, il sauve une esthétique assez pauvre et une histoire qui s’égare par ses excès. Il dégage une atmosphère singulière par ailleurs, presque onirique par moment, et c’est cela qui me pousse à lui accorder une note de 3. Un spectacle à voir au moins une fois, après à chacun de savoir s’il veut en reprendre une louche.