La saga Astérix au cinéma avait démarré assez mollement avec un 1er opus franchouillard à l’interprétation approximative, trahissant l’esprit de la BD sous prétexte d’une volonté de coller à la réalité historique (on se souvient, avec effroi, des tenues rouges des Romains !). La mise en chantier d’une suite aurait pu être accompagnée d’un certain dédain si l’ex-Nuls Alain Chabat n’avait pas été aux commandes du projet. Mieux, cette attente inespérée de voir les aventures du petit gaulois enfin bénéficier d’un film à la hauteur de sa légende s’est vue récompensée, ce 2nd opus étant un petit chef d’œuvre d’humour mais également une des meilleures comédies françaises. Chabat est un fan absolu de la BD et ça se voit : respect de l’histoire tirée de l’album "Astérix et Cléopâtre", recadrage des erreurs passées (les costumes d’Astérix et Obélix collent davantage à la BD, les uniformes romains sont verts, les effets de la potion magique ne font pas dans le morphing…) et du jeu des acteurs (on ressent davantage la complicité entre Astérix et Obélix, Clavier ne se contente plus de nous resservir du Jacquouille…) et, surtout, injection d’un humour dévastateur résolument en phase avec son époque (comme les BD qui s’inspiraient toujours de l’actualité). En cela, les critiques selon lesquelles ce "Mission Cléopâtre" serait empreint d’un humour Canal sans rapport avec l’univers d’Astérix me paraissent complètement infondées. Et le film ne manquent pas de scènes monstrueusement drôles, devenus instantanément cultes (les engueulades entre César et Cléopâtre, le monologie d’Otis, la débat sur les moyens mis au service de Caius Céplus pour attaquer le chantier, la façon dont César prononce son propre nom…) mais aussi de dialogues irrésistibles ("il est où le moigneau ?", "Itinéris, j’te capte plus", "quand on l’attaque, l’empire contre-attaque", "attention c’est très très tiède", "il faut rendre à vous-même ce qui appartient à vous-même"…). Quant au casting, Chabat a su réunir la crème des comédiens les plus hypes du moment avec Jamel Debbouze, véritable star du film, qui se livre à un show délirant et s’impose définitivement comme un des plus grands comiques de sa génération, l’énorme Gérard Darmon en perfide Amonbofils, la superbe Monica Bellucci en caractérielle Cléopatre, le formidable Claude Rich en Panoramix, Alain Chabat lui-même en hilarant César, le génial Edouard Baer en scribe, l’époustouflant Dieudonné en centurion, l’excellente Isabelle Nanty en syndicaliste et tout une pléiade de caméos jouissifs (Chantal Lauby, Claude Berri, Bernard Farcy, Matthieu Kassovitz, les Robin des Bois…). Conséquences de la richesse de ses 2nds rôles, Christian Clavier, en Astérix plus en phase avec son modèle papier, et Gérard Depardieu, toujours aussi indispensable en Obélix, se retrouvent un peu en retrait et surtout légèrement en décalage par rapport au ton résolument moderne du film (problème qui est d’ailleurs réglé par l’excellente réplique "c’est une autre culture"). Une petite merveille donc, dont le seul regret réside sans doute dans l’absence de plan dans le village ou de certains gaulois comme Abraracourcix ou Assurencetourix. Les futures suites n’ont qu’à bien se tenir, la barre a été placée très haut !