Drame biographique, réalisé par Jon S. Baird, Tetris est une bonne surprise. L'histoire retrace le développement du célèbre jeu vidéo et la bataille juridique pour ses droits. Il en ressort un scénario surprenant au propos très intéressant pendant environ une heure et quarante-cinq minutes. En effet, on apprend beaucoup de choses sur les dessous de ce succès fulgurant à travers une intrigue fortement romancée et particulièrement politisée mêlant espionnage, chantage et manipulation. Car oui, l'époque à laquelle se déroule le récit, à savoir la fin des années quatre-vingt, nous fait ressentir une ambiance de guerre froide, en plus de traiter de la fin proche du régime communiste. Cela est notamment dû à l'action s'étalant sur plusieurs continents. On assiste donc à des négociations complexes se déroulant en urgence sous la menace et la contrainte. Il est tout de même regrettable que tout cela tourne un peu trop en rond et s'avère légèrement redondant. Le ton est lui plutôt léger au début mais fini par s'assombrir de plus en plus au fil des minutes. Il faut dire que l'enjeu pécunier est important. Tout le sel de cette affaire dangereuse se trouve dans les relations entretenues entre les personnages, interprétés par une distribution de qualité entre Taron Egerton, Nikita Efremov, Toby Jones, Oleg Shtefanko, Igor Grabuzov, Anthony Boyle, Roger Allam et Sofya Lebedeva. Tous ces rôles procurent des échanges tendus et musclés, soutenus par de nombreux dialogues techniques jouant sur les différentes langues. Sur la forme, la réalisation de Jon S. Baird est qualitative et ludique, nous gratifiants tout du long d'effets rétros fortement appréciables. Cet aspect mélancolique possède un charme fou et s'imbrique parfaitement dans le récit. De plus, les décors très bien reconstitués permettent de nous replonger dans cette époque. Ce visuel convaincant à la photographie soignée est, de surcroit, accompagné de bout en bout par une b.o. très présente signée Lorne Balfe. Ses compositions aux sonorités électro sont grandement appréciables et se mélangent en plus à des titres plus connus de cette période. Mais la plus grande satisfaction c'est de retrouver à de multiples reprises le thème mythique du jeu remixé à toutes les sauces pour notre plus grand bonheur auditif tant ils procurent de la nostalgie. Seulement, il est extrêmement dommage d'autant mettre en avant cette mélodie et de ne même pas évoquer sa conception. Cela est tout bonnement incompréhensible. Reste une fin réussie, venant mettre un terme à Tetris, qui, en conclusion, est un long-métrage riche en informations méritant d'être visionné pour toutes ses qualités.