L'introduction d'un élément fantastique/horrifique au cœur des codes du western a toujours quelque chose d'inexplicablement attractif, comme si l'imagerie très terre à terre de cette époque que nous a renvoyé longtemps tout un pan de la culture populaire rendait à elle seule ce mélange des genres hors-normes, même plus détonnant que d'autres propositions hybrides. Évidemment, l'idée n'a aujourd'hui plus rien de nouvelle, bon nombre de films se sont engouffrés depuis dans cette brèche et "The Pale Door" n'en est qu'un modeste ersatz cherchant à capitaliser sur la sympathie encore bien présente que peut représenter un tel métissage cinématographique auprès des fans d'horreur. D'ailleurs, jusque dans sa structure scénaristique, le film n'a pas grand chose d'original à offrir autrement, se contentant simplement de repomper le schéma de "Une Nuit en Enfer", avec une première partie concentrée sur des hors-la-loi mais au far-west (comme dans le dernier opus DTV de la trilogie vampirique en somme) et une deuxième régie par des créatures surnaturelles (des sorcières à la place des suceurs de sang).
Mieux vaut ne pas trop s'attarder sur la moitié rationnelle du film, la destinée tragique des deux frères héros vers un braquage source de malheurs inattendus ne se fera que par des passages caricaturaux de western (bande de desperados plus définis par le physique de leurs interprètes que par l'écriture ou le jeu de ces derniers, attaque de train, duel... bref, que des idées qui pourraient sortir de l'esprit d'un enfant en train de jouer au cow-boy), le tout desservi par une mise en scène qui ne sait jamais contrebalancer un budget modeste avec un peu de génie derrière la caméra.
Mais, bien entendu, après cette longue mise en place fastidieuse, on reprend espoir avec le tournant surnaturel du long-métrage. La rencontre avec les sorcières semble laisser augurer qu'Aaron B. Koontz nous a réservé le meilleur dans la confrontation qui va suivre. Et puis non.
Malgré des créatures aux maquillages plutôt réussis et quelques effets sanglants prometteurs, le premier vrai affrontement se déroule avec le cruel manque de punch de la première partie, toujours handicapé par la platitude assez sidérante de la réalisation où aucune idée ne paraît germer dans l'esprit d'Aaron B. Koontz pour rendre un tant soit peu réjouissantes les hostilités entre les desperados et les sorcières.
Pire, le film semble même carrément rendre les armes de ce côté en cours de route afin de mettre en avant la révélation de non-dits au sujet des deux frères et de certains membres de la bande. Le but est sans doute de montrer qu'il y avait un peu plus derrière les clichés précédents et que le film a plus de fond qu'une simple rencontre avec une menace maléfique mais, en vérité, ce nouveau virage fait complètement sombrer "The Pale Door" dans son rythme mollasson, en alternant systématiquement un passage de dialogues intimiste entre les survivants (très peu passionnant) et une manipulation mortelle des sorcières (expédiée).
Et, si vous comptiez sur une conclusion susceptible de renverser cette direction prise par l'intrigue, manque de chance, le dénouement se contentera de poursuivre sur le même pouls atone, incapable de sauver "The Pale Door" de la triste léthargie dans laquelle il s'est enfermé de lui-même.
On aurait été bien plus indulgent avec le film d'Aaron B. Koontz s'il avait assumé pleinement le côté bisserie de son offre avec un minimum d'énergie et d'ambitions mais "The Pale Door" en est totalement dépourvu et prend à peu près tous les mauvais choix possibles pour le prouver (le manque de moyens est très loin de tout excuser). Il aurait mieux valu laisser Edgar Allan Poe là où il est au lieu de le citer opportunément pour un si pâle long-métrage.