"Le Monde après nous" était l'une de mes plus grosses attentes de 2023. Au sein de ce projet, il y avait tout pour me plaire ! Tout d'abord, le réalisateur à la barre est Sam Esmail, lui qui avait été derrière l'excellente série "Mr.Robot". Par ailleurs, le casting est extrêmement alléchant et plutôt surprenant sur le papier. Et enfin, le synopsis laisse présager quelque chose de très bon. Cependant, il est vrai que le long-métrage à diviser, et c'est assez clair que l'on ne parle pas d'une petite division. Ici, les spectateurs se divisent entre ceux qui ont détesté le film, et ceux qui l'ont adoré. J'avais donc très hâte de voir ce que le long-métrage pouvait réserver ! Et finalement, je me trouve très largement dans la partie des gens qui l'ont adoré. Très clairement, ce n'est pas un film pour tout le monde, étant donné qu'il est assez long, qu'il ne propose pas énormément d'action et que tout se joue sur l'ambiance. Sans même parler de scénario ou de mise en scène, si nous ne sommes pas rentrés dans le film de manière assez rapide, il est clair que l'on passe complètement à côté de celui-ci. C'est un projet avec une identité forte et je comprends parfaitement qu'il peut rebuter. Mais personnellement, cette ambiance m'a beaucoup plus. Sam Esmail est un réalisateur de talent, et chaque plan se veut réfléchi, c'est comme cela que l'ambiance fonctionne. Le nombre de plans et de séquences qui m'ont impressionné au sein de ce film se compte par dizaines. Que ce soit l'introduction brusque, qui introduit immédiatement le thème du film. Les deux scènes sur les plages, qui se transforment chacune en cauchemar au fur et à mesure. Ou bien toute la séquence finale qui retranscrit à merveille les sentiments de nos personnages. C'est clairement ce que cherche à faire le film d'ailleurs, à faire ressortir les émotions de nos héros. Pour cela, le montage joue un rôle extrêmement important, c'est lui qui fait monter la tension. Que ce soit pour des séquences plus explosives, ou même pour des scènes de dialogues. Et c'est pour cela que je ne comprends pas la critique sur le rythme ou sur la durée du film. Nous ne sommes pas vraiment sur un projet qui va faire durer les choses pour rien, chaque scène et chaque plan racontent quelque chose. Certes, le milieu du film peut s'avérer un peu long, mais c'est vraiment minime quand on prend l'ensemble. Pour moi, la meilleure séquence pour illustrer cela est celle de la discussion entre Amanda et G. H., car elle réussit parfaitement à nous faire passer par plein d'émotion, malgré sa longueur. On commence de manière calme, puis on va vers quelque chose de détendu, puis vers une réelle tension, avant de terminer sur une conclusion assez joyeuse. L'objectif du scénario et de la mise en scène est de jouer avec nos personnages, nos sentiments en tant que spectateur et avec la thématique du film. Tout le projet tourne autour du conflit humain, à des échelles dantesques, comme à une échelle humaine. D'un point de vue plus petit, sommes-nous prêts à faire confiance aux autres ? L'être humain le peut-il vraiment ? Il y a une vraie réflexion autour de cela, et le film va sans cesse nous questionner et jouer avec nos impressions. En jouant avec un point de vue, il arrive très bien à semer le doute sur la sincérité ou non d'une personne, à des endroits où il n'y a parfois même pas besoin de se poser des questions. Si c'est donc trop compliqué, pour une partie du public, de ressentir cela et de chercher ce que la mise en scène cherche à nous raconter, tant pis pour ces gens-là. Sachant qu'il n'y a pas que ce propos ! On est à une échelle humaine sur celui-ci, mais j'ai précisé que cela pouvait vraiment monter à des échelles importantes. Cela tourne toujours autour de l'humain, mais dans un contexte plus grand. La dystopie de ce monde fonctionne uniquement sur cette question et ces interrogations : s'ils ont ne se fait pas confiance, que pourrait-il se passer ? Et cela, c'est sans compter sur les questions de racisme ou de discrimination qui sont cohérentes avec les décors du film, celui-ci étant centré aux États-Unis. Le film est donc vraiment parfait sur ces points, et j'ai adoré suivre ces réflexions, parfois très pessimiste, mais qui laisse à réfléchir. Il est clair que ce n'est pas extraordinaire au niveau du rythme, mais ces réflexions et quelques très bonnes scènes de tensions suffissent amplement. Sublimé par un excellent casting, j'ai passé un agréable moment face à ce long-métrage ! Ne cherchant pas à se fondre dans la masse, Sam Esmail a développé quelque chose de plus personnel, quitte à déplaire. Et ça, on ne pourra pas lui enlever. Pour conclure, un excellent moment.