Je ne suis pas certain qu’on aurait fait particulièrement attention à ce thriller si le nom du couple Obama ne figurait pas en toutes lettres dans les crédits de production. S’agirait-il d’un film suffisamment pertinent pour que l’ex-couple présidentiel star l’ait adoubé, quelque chose qui recouperait leur propre vision des dangers qui menacent l’Amérique ? Non, mais c’est un Thriller apocalyptique qui esquive le triomphalisme crétin de la plupart des autres films-catastrophe et ce n’est déjà pas si mal. Une catastrophe s’abat sur les Etats-unis, se traduit par une perte de contrôle des systèmes électriques et numériques qui occasionne son lot de conséquences dévastatrices.. Les causes, les origines, la nature et les conséquences de la catastrophe seront abondamment discutées par les protagonistes, réunis par la force des choses dans une maison de vacances de Long island, sans que jamais aucune explication ne soit apportée et c’est plutôt une bonne chose puisque ‘Le monde après nous’ expose une fin du monde supposée sur un mode anti-spectaculaire, juste par ce que peuvent en percevoir et en comprendre des particuliers installés dans un lieu donné, autant dire pas grand chose. Le scénario est extrêmement bordélique, à la mesure du chaos et l’absence d’informations et de directives à suivre qui s’impose aux protagonistes, mais ce chaos est l’occasion d’évoquer pas mal de choses, sans y apporter de ces jugements de valeurs définitifs qui plombent tout scénario qui s’y risque : le racisme, jamais ouvert et explicite, toujours affleurant, entre les communautés aux USA, l’homme moderne privé de technologie qui se découvre la capacité de débrouillardise et d’improvisation d’un nouveau-né, l’incapacité à se défaire des réflexes en vigueur dans une société (plus ou moins) pacifiée et sécurisée, et la stupeur à la découverte que ce mode de fonctionnement n’était qu’une fiction qui s’évapore dès lors que plus personne n’y adhère. D’un autre côté, le film ne lésine pas sur certains effets-chocs, y compris lorsqu’ils sont peu crédibles (
la maladie de Lyme qui atteint un stade terminal en une seule journée, les animaux qui reprennent possession du territoire dans le même intervalle de temps, etc…
) pour qu’on se rende bien compte que la situation est critique. La principale qualité de ce ‘Monde après nous’, c’est qu’il apporte moins de réponses qu’il ne pose de questions, et s’avère bien moins moralisateur que ‘Don’t look up’ : en dépit de son côté très américano-centré, il invite simplement à s’arrêter une seconde pour prendre le pouls d’un monde qui a déraillé depuis longtemps et à imaginer à quel point sa stabilité, sa prospérité et tout ce qui est tenu pour acquis, est fragile.
Pour terminer [Attention Spoiler], je me marre un peu en découvrant la controverse liée à la dernière scène : ceux qui jurent sur leur complot préféré que l’obsession de la gamine pour ‘Friends’ est un signe du ramollissement mental des jeunes occidentaux et absolument pas la manifestation du besoin de se couper des injonctions et opinions polarisées pour se raccrocher à un doudou symbolique, alors que tout se casse la gueule et qu’il n’y a plus rien à faire sauf écouter des gens qui ne savent rien pérorer sur ce qu’il faudrait faire en priorité…et ceux qui jurent sur tout ce qui est inclusif dans ce monde qu’en fait, c’est pile le contraire. En fait, les deux points de vue sont tout à fait envisageables et peuvent même coexister simultanément sans heurts…et il y a quelque chose dans ces réactions tranchées qui donnent entièrement raison à certains éléments présentés dans ce ‘Monde après nous’. .