Début des années 80, l’insouciance pour les uns, la haine des étrangers pour les autres. Les Rascals sont une bande de jeunes de la banlieue parisienne. Quand l’un d’eux reconnait un skin qui l’avait agressé quelques années auparavant, il décide de se faire justice lui-même. Un coup de sang qui va les entraîner dans une spirale de violence…
Pour son premier long-métrage, Jimmy Laporal-Tresor s’inspire de faits réels, remettons-nous dans le contexte de l’époque, milieu des années 80, le FN (Front National, ex-Rassemblement National) gagnait du terrain aux élections à l’échelle nationale. Au même moment, les skinheads se faisaient de plus en plus présents dans les rues Paris et se retrouvaient face aux Black Dragons, un gang (influencé par les afro-américains du Black Panther Party) qui s’étaient donné pour mission de nettoyer les rues de la capitale de la vermine néo-nazis. Un thème que connait bien le réalisateur pour l’avoir précédemment abordé dans son court-métrage Soldat noir (2021).
C’est ainsi que Les Rascals (2023) nous replonge dans le Paris des années 80 en suivant une bande de jeunes de banlieue cosmopolite (composée de blancs, noirs & arabes) pris dans un engrenage de violence. Cheveux gominés, cigarette calée sur le coin de l’oreille, parlant l’argot et ayant pour principales occupations de draguer les filles et se battre dès que l’occasion leur en est donnée (plutôt que d’aller pointer à l’ANPE ou de répondre aux obligations du service militaire). L’immersion y est saisissante, du code vestimentaire en passant par les dialogues, la reconstitution est plus que parfaite avec ces jeunes issues de l’immigration, bien que né en France, ils n’en restent pas moins ostracisés par une certaine frange de la population face à des groupuscules, la montée du FN et de l’antisémitisme.
On retiendra aussi (et surtout), la superbe distribution où se côtoient d’excellents acteurs venus de divers horizons (Missoum Slimani, Marvin Dubart, Victor Meutelet, Jonathan Feltre ou encore Angelina Woreth). Si le film peut se voir comme une capsule temporelle des années 80, il n’en reste pas moins d’actualité avec la montée des extrêmes ces dernières années. Un film de bandes dans le même registre que bien d’autres films du même genre, tels que Les Guerriers de la nuit (1979), Les Seigneurs (1979) ou encore The Outsiders (1983).
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