Famille, je vous hais !
Décidément, Sébastien Marnier devient un spécialiste « es Thriller ». En témoignent ces deux précédents film, Irréprochable et L’heure de la sortie. Ces nouvelles 125 minutes prouvent, encore une fois, son savoir-faire de réalisateur et de scénariste. Dans une luxueuse villa en bord de mer, une jeune femme modeste retrouve une étrange famille : un père inconnu et très riche, son épouse fantasque, sa fille, une femme d’affaires ambitieuse, une ado rebelle ainsi qu’une inquiétante servante. Quelqu’un ment. Entre suspicions et mensonges, le mystère s’installe et le mal se répand… Ambiance, humour glaçant, duplicité des personnages… tout est réuni pour faire penser au Claude Chabrol des bonnes années… Un sacré compliment !
Enfin un scénario original… original. Même si le quasi huis-clos avec une famille qui se déchire – et comment ! -, ce n’est pas nouveau, on marche… et on en redemande. Bon, Marnier a choisi de faire dans le tordu, et pour le coup, c’est un must. Pas un personnage pour rattraper l’autre. De l’ancêtre à l’ado en passant par ce gynécée ahurissant de méchanceté et totalement nourri au mensonge et à la dissimulation, chacun et chacune défendent ici leur pré-carré avec un niveau de cruauté rarement atteint. Le spectateur est constamment blackboulé de surprise en surprise – toutes mauvaises -, au point que ça en devient jouissif. Même la grande demeure qui a tout d’un mausolée et qui sert de décor est inquiétante à souhait. Là aussi, tout est démesuré : escalier en marbre rose, meubles signés à foison, 3000 objets – dont une foultitude d’animaux empaillés -, 4 500 cassettes VHS. La musique, tout en impulsions, crissements, coassements de grenouilles… la photographie anamorphique en format 2.55 – plus large encore que le scope -, tout est là pour créer une sensation de malaise… et croyez-moi, c’est réussi. Un film de genre à voir absolument.
Entre autres, pour la performance du casting. Le patriarche – dans la vie comme dans le film -, Jacques Weber, parfait comme à son habitude, est entourée d’une constellations de femmes, Laure Calamy, Doria Tillier, Dominique Blanc, Suzanne Clément, Céleste Brunnquell, Naïdra Ayadi, Véronique Ruggia-Saura, qui se disputent toutes la palme de l’hypocrisie et de la cruauté. Un thriller malsain, vénéneux, dysfonctionnel à souhait, peuplé de personnages détestables. Un hymne jubilatoire à la