Le titre (peut-être une référence à "L'affaire Harry Québert" ?) n'est pas le meilleur choix, car il ne reflète pas véritablement l'histoire. Au risque de paraître trivial, j'aurais plutôt opté pour "Les salopes", tant les femmes de cette intrigue montrent à quel point les représentantes du beau sexe peuvent être cruelles et méchantes, parfois plus que leurs congénères masculins.
L'affiche du film fait penser à 'La fleur du mal", de Chabrol, mais la comparaison s'arrête là.
Le réalisateur de ce film, Sebastien Marnier, auteur de l'excellent "Irréprochable", en 2016, que je vous conseille si vous ne l'avez pas vu, nous livre ici une étude sociologique d'un groupe iconoclaste de 5 femmes et d'un homme.
Si le sujet en lui-même n'est pas très original (usurpation d'identité pour s'approprier un héritage), l'auteur sait distiller sa pâte et son ambiance personnelles, éprouvées sur ses précédents films.
Cependant, ce film souffre de défauts qu'on retrouve dans le cinéma actuel, notamment la lenteur avec laquelle l'histoire se met en place (ça bouge vraiment au bout de 45 minutes de film et ça s'accélère une demi-heure avant la fin), ces scènes inutiles ou trop longues (celle du massage ou celle de la bagarre sous les douches par exemple ou encore ces plans d'animaux empaillés - pourquoi ? - ou cette réplique antisémite dans la bouche du personnage masculin, qui n'apporte rien ni sur lui, ni à l'histoire), mais aussi de scènes qui manquent de crédibilité (dans un hôpital, quand l'assistant respiratoire sonne, les infirmiers interviennent immédiatement ; de même, il n'est pas si simple de s'évader d'une prison, ça se saurait). Enfin, et c'est vraiment un défaut constaté dans nombre de films récents, la musique est omniprésente. Environ une scène sur deux, on y a droit. La musique doit accompagner l'intrigue et non la masquer. Or, même si en l'occurrence la musique est adaptée, on n'en peut plus de l'entendre sans arrêt. Trop de musique dans un film tue la musique et parfois le film avec.
Reste la composition des acteurs, non des moindres, puisque la distribution comporte Jacques Weber, en homme affaibli par un AVC, littéralement vampirisé par les femmes qui l'entourent, Dominique Blanc, grande comédienne de la Comédie Française, à la fois loufoque et dérangeante, Doria Tillier, qui peaufine son personnage de femme autoritaire et intrigante et Laure Calamy, tour à tour godiche et calculatrice, actrice qu'on commence à voir un peu beaucoup sur les écrans, à l'image de Virginie Efira.
Bref, un avis en demi-teinte en ce qui me concerne, peut-être parce que j'avais adoré "Irréprochable" et apprécié "L'heure de l sortie", les deux précédents films de ce réalisateur et que je m'attendais à une nouvelle œuvre du même accabit, surtout avec une telle distribution.
Reste néanmoins le plaisir de suivre l'intrigue en huis-clos et ses dénouements multiples.