Il serait peut-être temps pour Quentin Dupieux de faire une pause dans son œuvre ou, au moins, de ralentir la cadence car à force de tourner si vite, il va finir par aller droit dans le mur et cet « Incroyable mais vrai » peut se présenter comme un signal d’alerte. En effet, Dupieux a encore une fois imaginé un postulat complètement loufoque, absurde et décalé comme point de départ mais c’est bien la première fois qu’il est aussi mal développé au point que son dernier film finit par agacer à force de ne pas avancer et d’aller nulle part. On y voit un couple emménager dans une toute nouvelle maison dans laquelle se trouve un conduit dans la cave permettant d’avancer de douze heures dans le temps mais aussi de rajeunir de trois jours physiquement. Et comme si l’auteur sentait qu’il n’allait pas pouvoir assumer ce gimmick sur tout un film, il ajoute à cela un autre couple, ami du premier, dont le mari s’est fait installer un pénis électronique. On aurait pu bien rigoler comme avec son précédent film « Mandibules », tout aussi perché avec sa mouche géante, mais bien plus drôle et abouti. Ici on a l’impression que tout cela tourne en rond et, surtout, pour aller nulle part. Quant à la fin, on a rarement vu si abrupte et cela vire presque à la provocation envers le spectateur. La morale sur le jeunisme (physique) et le culte de la performance (sexuelle) n’est pas martelée mais trop facile et sert à justifier ce script de court-métrage pour une œuvre qui aurait dû se limiter à ce stade. Parfois, les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures...
On apprécie encore une fois la distribution. Le réalisateur est très fort pour attirer dans ses long-métrages qui sortent à une cadence stakhanoviste, au rythme d’un par an depuis une décennie, le gratin du cinéma hexagonal. On peut dire qu’il est à la mode et que c’est mérité tellement son cinéma ne ressemble à aucun autre mais il ne faudrait pas non plus qu’il se repose sur ses lauriers. Ici, si Alain Chabat et Léa Drucker, ne brillent pas particulièrement ou plus que d’habitude, lui dans un rôle commun et elle en femme attirée par le rajeunissement, le duo formé par Benoit Magimel et Anaïs Demoustier est bien plus gratiné. Lui, en beauf obsédé par la réparation de son entrejambe, est excellent tandis qu’elle, habituée aux films d’auteur et aux compositions de jeune ingénue, est incroyable et surprenante en cruche désinhibée. Sinon, l’esthétique seventies et délavée est sympa et prouve un gros travail sur l’image, la musique composée par Dupieux lui-même est stressante et il ne se passe pas grand-chose. Heureusement, « Incroybale mais vrai » est encore plus court que ses précédents opus (à peine une heure et dix minutes), ce qui allège notre circonspection mais prouve que l’auteur semble être tombé en panne d’inspiration. Allez ce sera pour le prochain car là y’a pas grand-chose à dire ni à voir.
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