Les espagnols sont doués dans le cinéma de genre, peu importe son expression, que ce soit dans l’horreur, le fantastique ou encore le thriller. Bien plus que leurs voisins français et ce n’est pas faute d’avoir eu des tentatives du côté du cinéma tricolore. Et ces films de genres réussis de l’autre côté des Pyrénées n’ont pas toujours la faveur des salles françaises ou des plateformes de streaming, cela veut dire que beaucoup nous passent sous le nez. Ici, avec « Jaula », on est dans un suspense machiavélique qui vaut bon nombre de thrillers américains, ou sud-coréens pour changer un peu d’exemple. Il est de l’acabit d’autres excellents souvenirs espagnols comme « Que Dios Nos Perdones » de l’immense Rodrigo Sorogoyen (« Madre », « Es Bestas », ...) ou le très réputé « L’Accusé » avec Mario Casas. Si la mise en scène du long-métrage n’est pas son point fort et que l’on doit se farcir une première moitié plus timide et consensuelle, la tournure que prend le scénario ensuite est géniale, captivante et surprenante et les retournements de situations et rebondissement achèvent de nous convaincre.
On débute donc par une trame assez classique avec un couple qui trouve une enfant perturbée sur la route et décide de la garder avec l’accord des forces de police. L’intrigue prend son temps et tout le mystère est basé sur l’identité de la petite. Puis, des évènements de plus en plus étranges vont se dérouler faisant glisser « Jaula » vers une ambiance à la limite du fantastique. Mais, attention, ce n’est pas du tout un film d’horreur même si certains le rangent dans cette catégorie, ni même fantastique. On est dans le thriller pur et dur, à influence presque paranoïaque. C’est-à-dire où le personnage principal se demande s’il ne devient pas fou plus le film progresse. Si c’est le premier long-métrage d’Ignacio Tatay, et qu’il a su créer une atmosphère très angoissante, sa photographie est un peu trop saturée de filtres gris et bleus rendant l’image peu aimable et certains plans manquent de recherche. N’est pas David Fincher qui veut certes, mais ce thriller aurait pu avoir plus belle allure, même si le changement de lieu de décor du dernier tiers est plus probant au niveau formel.
Le plus réjouissant dans ce thriller reste sans conteste son scénario machiavélique qui permet au spectateur de ne jamais s’ennuyer durant l’évolution de l’intrigue et d’être soufflé par les nombreux rebondissements. Si la résolution de l’affaire est impossible à deviner et presque improbable, les scénaristes en ont conscience et offrent au spectateur d’ingénieux flashbacks explicatifs permettent d’avoir un avis encore plus positif de « Jaula ». En effet, c’est certes capillotracté mais cela rend le tout encore plus étonnant mais possible. De même, sachant le script quelque peu tarabiscoté, cinéaste et scénaristes apportent un soin particulier à ce que tout plein de petits détails soient crédibles et très réalistes. Notamment avec le génial postulat de la zone tirée à la craie dans laquelle veut rester la petite. Quant au dénouement, il est effarant et enchaîne les rebondissements. Il aurait d’ailleurs pu se terminer de manière nihiliste, ce qui aurait rendu le film encore plus puissant, mais un épilogue heureux et plus classique a été privilégié lors de la toute fin. Dommage. Il n’empêche, cela reste un suspense excellent et plus que palpitant dont il semble impossible de connaitre la fin.
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