Coup d’Etat, nation en crise, rien ne va plus au Nigéria. Il est évident que des conflits sont toujours d’actualité à travers le monde et sur des terres plus urbaines également. Mais si on se concentre sur une échelle humaine, on peut comprendre comment fonctionne la souffrance. Antoine Fuqua bat les masques et soulève des points qui sont importants de considérer. La condition de vie d’un pays qui implose oblige des nations extérieures à intervenir. Une action collective peut entraîner la guerre, mais un détachement indépendant n’est qu’une intervention éphémère que le gouvernement ne peut exploiter à sa guise. Émancipées de cette contrainte, les valeurs que partagent les personnages ne sonnent pas toujours justes. Elles se révèlent pourtant significatives, mais le schéma qui en découle ne conforte pas toujours le bon sentiment.
On caricature souvent à tort la force mentale et physique des Américains, plus particulièrement des soldats. La réalité rattrape la situation géopolitique et n’hésite pas à éventrer les préjugés, du moins le temps de quelques bivouacs. Rien de mieux que de sensibiliser par le biais du mal à combattre, chose que les studios Holywoodiens exploitent avec un recul permanent. Et c’est à partir de la construction narrative, beaucoup trop simpliste, que l’on se mord la queue. Le lieutenant A.K. Waters (Bruce Willis) et ses hommes d’élite sont détachés pour un sauvetage qui fait davantage acte d’action humanitaire qu’une simple besogne de premier ordre. La figure des gardiens de la paix prendra alors un coup, sachant que l’Amérique tente de se racheter une conduite et une conscience, à la suite de ses multiples implications privées ou publiques, en territoire hostile.
Néanmoins, la bonne intention se dégage par moment. Et c’est auprès du docteur Lena Hendriks (Monica Bellucci) que l’on apporte tout ce qu’il faut en émotion pour en apprécier tout le divertissement qui s’annonce humide en hémoglobine et sec en pyrotechnie. Il existe en plus un dilemme qui réside dans une responsabilité civique et d’ordre mondial. Une vie reste une vie et tout le récit cherche à jauger en quoi elle a son importance. Si les soldats se veulent, par définition, être des défenseurs de cette responsabilité, alors il n’y a pas de débat. Ce qui est présenté à travers le terrain forestier des Nigérians, c’est un semblant d’ouverture au monde. Beaucoup de contraintes peuvent interférer avec notre façon d’agir, malgré un fossé culturel. Et c’est précisément à la frontière de cette étude que l’on découvrira une once d’espoir, mêlée avec un idéal humaniste.
Après avoir signé un « Training Day » tout à fait remarquable, Fuqua s’est penché sur l’ombre d’une guerre civile, mettant en avant l’héroïsme américain face à la horde de soldats sanguinaires. Sa position dans le conflit est on ne peut plus évidente. L’observateur qu’il est se substitue à cette caméra qui virevolte de drames en drames et déracine peu à peu l’humanité qu’il reste derrière la carapace du soldat idéal. « Les Larmes Du Soleil » (Tears of the Sun) convainc par son esthétique qui ravie par sa sobriété et son efficacité, une fois dans le feu de l’action. Si c’est au niveau du discours que cela pêche essentiellement, nous aurons malgré tout apprécier la rétrospective que nous offre Fuqua, qu’elle soit voulue ainsi ou non.