Training Day, rappelez-vous, venait de dévoiler au grand public (bien que le film ne s’adresse pas particulièrement aux jeunes) le réalisateur Antoine Fuqua et son talent de donner toute une puissance et un visage à un sujet caché (le milieu des ripoux comme si on y était, hautement mené par un Denzel Washington au top). Avec un tel résultat, Fuqua se devait de continuer sur la bonne voie au niveau de sa filmographie. Voilà qu’il enchaîne donc avec Les Larmes du Soleil, un film de guerre (ou plutôt d’action), qui se veut bouleversant et mémorable. (ATTENTION SPOILERS !)
Dans un Nigéria plongé en pleine guerre civile, un commando de soldats américains est chargé d’évacuer un médecin et, contre leur gré, des blessés. Mais bientôt, tout ce beau monde va se retrouver pourchassé par un groupe de rebelle. Leur seul espoir de survie est d’atteindre la frontière camerounaise. Vous l’aurez compris, ce film nous sert sur un plateau de l’héroïsme, du suspense et de l’émotion. Enfin… sur le papier… Avec un tel sujet (une guerre civile), Les Larmes du Soleil se devait être avant tout choquant, qui prend aux tripes. Malheureusement pour le film, il n’est que trop rarement émouvant. La raison ? Il s’agit d’un produit purement hollywoodien, qui use de clichés (et pas des moindres !) comme s’il en pleuvait. Nous avons des exécutions, des cadavres qui recouvrent le sol, des plans effroyables pour notre moralité (la mission « saccagée », l’entassement des morts au village, la femme enceinte et son bébé…). Et pourtant, rien ne passe comme cela devrait ! Il faut dire que le scénario se montre sans surprise, voire même prévisible au possible. Que l’on semble tout connaître d’avance, que ce soit sur l’histoire ou bien les personnages eux-mêmes. Ces derniers nous servent, en plus, des situations et autres dialogues mille fois vus, qui nous livrent en surdose des moments d’héroïsme et de sacrifices agaçants, pour nous conduire finalement à une sorte d’happy end dispensable (dont la survie de Bruce Willis). Parlons des acteurs justement ! Si Monica Bellucci arrive à se défaire de toute cette équipe de testostérone, les interprètes « militaires » n’ont aucun charisme, aucune émotion… rien ! Pour dire, on n’arrive même pas à s’attacher une seule fois à Bruce Willis, qui se la joue insensible en compagnie d’une bande de « Rambo de service » ! Bref, tous ces défauts nous empêchent de ressentir une quelconque émotion.
Et pourtant, Les Larmes du Soleil avait des atouts qui pouvaient lui permettre rester dans nos têtes. À commencer par la mise en scène nerveuse (bien qu’impersonnelle sur le moment) d’Antoine Fuqua, rendant réaliste chaque séquence, au point que la plupart des réfugiés sont joués par… de véritables réfugiés ! De plus, tous les horribles moments du film (un rappel sur les effroyables plans cités au-dessus) sont visuellement impressionnants, au point de nous marquer à jamais (malheureusement gâchés par les clichés). Sans compter que la musique du génial Hans Zimmer (même si l’on a connu le compositeur en meilleure forme) arrive (enfin !) à nous faire vibrer quelques secondes sur des passages auxquels on devrait verser ne serait-ce qu’une larme.
Encore une fois, Hollywood gâche au possible un projet poignant sur le papier, le rendant presque fade malgré bon nombres d’efforts techniques pour nous livrer le contraire. Au final, Les Larmes du Soleil se laisse regarder, divertit et s’oublie un peu trop facilement. Là, c’est vraiment ce que l’on peut appeler du gâchis ! Et malheureusement pour Fuqua, il est bien loin du firmament de son Training Day…