Un ogre à la dérive
Bon alors, on aurait bien voulu adoré ce 1er film de Slony Sow. Hélas, trois fois hélas, malgré les bonnes intentions, il y a là trop de choses qui ne fonctionnent pas. Et ces 91 minutes paraissent bien longuettes. Gabriel Carvin est un chef étoilé de grande renommée. Lorsque sa santé et sa vie de famille se détériorent, il décide de partir à l’autre bout du monde. Direction le Japon, à la recherche d’un chef japonais qui l’avait battu à un concours de cuisine 40 ans plus tôt. Ce voyage culturel et culinaire va l'amener à faire le point sur sa vie. Scénario décousu, histoire réduite à une série de sketchs parfois poussifs, réalisation sans imagination, et un casting *** plutôt désemparé. Dommage, ce qui s’annonçait comme un festin se réduit à un rata indigeste.
« Umami » est un terme japonais qui pourrait être traduit par « goût délicieux ». Il s'agit de la cinquième saveur, après le sucré, le salé, l’acide et l’amer. Bon départ. Suivre la quête à travers le Japon d’un grand chef étoilé désabusé et dépressif afin de comprendre quelle est cette 5ème saveur … pourquoi pas ? A partir de là, on a le droit à différents épisodes de la vie de Gabriel le maître-queue. Gégé boude, Gégé prend un bain chaud, Gégé se saoûle, Gégé fait du tricycle en kimono, Gégé rencontre un transsexuel, Gégé prend une leçon de métaphysique avec un nain – pardon, une personne de petite taille -, mais tout cela sans un réel fil conducteur. Comme par-dessus tout ça, on a cru bon rajouter quelques couches, comme une charge contre la critique gastronomique ou le cyber-harcèlement, le menu devient trop copieux à la limite du trop-plein. Comme souvent, on a voulu trop en faire. Il y a avait là un joli sujet, original et porté par un casting exceptionnel… Mais voilà, le dénommé Slony Sow a été trop gourmand et fini par nous gaver.
Gérard Depardieu est énorme, il occupe de plus en plus de place sur l’écran et les autres ont bien du mal à exister. Pourtant avec Sandrine Bonnaire, Bastien Bouillon, Pierre Richard, Rod Paradot, et parmi une distribution japonaise assez fournie, l’excellent Kyozo Nagatsuka, - aperçu pour la 1ère fois sur nos écrans en 1974, dans Les chinois à Paris du regretté Jean Yanne… C’est vous dire si le Monsieur a de la bouteille… de saké évidemment -, il y n’y avait que du très bon. Mais leur a-t-on vraiment laissé la place qu’ils méritaient ? Quand le réalisateur nous avoue : j’ai compris que la notion d’umami relevait de la métaphysique. Je ne sais pas pourquoi — parce qu’à dire vrai, il n’y avait rien de visuel là-dedans, l’idée m’est soudain venue de faire un film. Un aveu qui pèse lourd dans l’intérêt qu’on peut porter à ce drame parfaitement dispensable.