Juan Diego Botto est un acteur espagnol né à Buenos Aires, en Argentine. En 1978, pendant la dictature militaire, sa famille est contrainte à l’exil et s’installe en Espagne. Il a étudié l’art dramatique à l’école Cristina Rota de Madrid et au HB Studio de New York. À l’âge de 18 ans, il a participé à son premier long métrage en tant que personnage principal dans Historias del Kronen (1995) du réalisateur espagnol Montxo Armendariz, dont la première a eu lieu au Festival de Cannes.
Il a joué dans plus de 50 films espagnols, argentins et américains, ainsi que dans une dizaine de productions télévisées et plusieurs pièces de théâtre. Parmi eux : Broken Silence, Obaba de Montxo Armendáriz, Full Moon de Imanol Uribe,The Europeans, Go Away From Me de Víctor García Leon, The Dancer Upstairs de John Malkovich, The Suicide Squad de James Gunn (dans la peau du dictateur Silvio Luna, un antagoniste), Roma de Adolfo Aristarain, etc.
Juan Diego Botto a par ailleurs écrit six pièces de théâtre, dont Un trozo invisible de este mundo (prix MAX du meilleur spectacle, du meilleur acteur et du meilleur nouvel auteur) et Una Noche sin Luna, pour laquelle il a reçu trois prix MAX, ainsi que le National Theater Award 2021.
Juan Diego Botto est acteur et scénariste pour le théâtre. Avec A contretemps, il réalise son premier long métrage. Il confie : "Presque tout mon théâtre tourne autour du même thème. En général, l’exil, l’impunité, la mémoire sont très présents dans mon travail. Même la dernière œuvre que j’ai écrite, Une nuit sans Lune sur García Lorca, que je pensais différente. Après analyse, j’ai réalisé que j’avais encore écrit sur un homme disparu, un homme qui a été enlevé chez lui, arrêté illégalement, torturé, fusillé et porté disparu.
"On ne sait toujours pas où est son corps. Je crois que mon théâtre rejoint À Contretemps sur deux points : d’abord, la question de l’impunité, avec cette lutte de l’être humain contre des institutions invisibles qui sont bien plus puissantes que l’individu. Et l’autre point, c’est le prix à payer pour cette lutte, le prix de l’activisme, pour ainsi dire, pour ceux qui essayent de changer les choses et qui sont représentés par Rafa (joué par Luis Tosar). Les autres le voient comme un héros, mais il délaisse aussi quelque chose."
À Contretemps est né d’une conversation entre Juan Diego Botto et Penélope Cruz (le cinéaste et l'actrice se connaissent depuis l’adolescence) : "Elle me suggérait d’écrire pour le cinéma. J’ai commencé à écrire, et j’ai eu l’idée d’une scène dans laquelle un couple discutait la veille de son expulsion locative. C’est parti de là", explique-t-il.
Grâce à Olga Rodríguez (journaliste et co-scénariste du film), Juan Diego Botto a eu connaissance de la situation des expulsions en profondeur et en détail. Ils ont ainsi fait de longues recherches pendant plus d’un an avec des familles en procédure d’expulsion et ont interviewé des éducateurs, des travailleurs sociaux et des avocats : "Quand on a connu cette réalité en profondeur, c’est très difficile de se maintenir à l’écart de ce qui est visiblement une atteinte, un abus social, vis-à-vis et contre les plus défavorisés."
"Ça nous a motivés à raconter cette histoire. Il y a eu énormément de versions du scénario, car il s’est écoulé beaucoup d’années entre l’écriture et le financement, et puis il y a eu la pandémie. Ça a été un processus très long. Dans une histoire sur une réalité précise, le point de vue est implicite, le point de vue sur l’éthique en question est implicite dans l’injustice qu’on raconte", se rappelle le réalisateur.
Si le film est porté par de très grandes stars, Juan Diego Botto a également fait appel à des acteurs non-professionnels pour certains rôles : "Le processus de recherche a été si long, si complexe et si productif qu’on sentait qu’il allait inclure ceux qui avaient eu l’immense générosité de nous laisser entrer chez eux et de nous raconter leurs histoires.
"Un jour, Olga Rodríguez a eu l’idée de filmer une assemblée, donc on a inclus cette séquence et on savait que ça devait être une assemblée réelle où chacun parlait de son cas. La réalité est toujours beaucoup plus forte et déchirante que la fiction. Leurs histoires sont atroces. Si on racontait leurs cas réels, le film serait bien plus dramatique."
Pour la mise en scène, Juan Diego Botto avait pour référence principale Vete de mí (2006) de Víctor García León. Le metteur en scène explique : "Même si c’est un film très différent. J’ai aussi retenu différentes choses des réalisateurs avec lesquels j’ai travaillé. A commencer par l’immense respect dont ils font preuve dans leur travail."
Puis aussi que chaque histoire vit différemment. Si je fais un autre film, le rendu sera certainement très différent. Celui-ci nécessitait une approche très réaliste, quasi-documentaire. Ces mouvements de caméra portée jamais tranquilles, quasi-constants, le grain de la pellicule 35 mm... Tout ce qui contribue à produire cette sensation de vérité."
Juan Diego Botto a réuni un casting de haute volée : "Pour ce qui est de Penélope, c’était l’évidence même. Elle est à l’origine de l’histoire. Pour Luis également. À partir du moment où est apparu le personnage de cet avocat, j’ai tout de suite pensé à lui. C’est l’un des meilleurs acteurs d’Espagne, et sans doute aussi au monde. Ensuite, on a fait auditionner Adelfa Calvo (Teodora)."
"C’est une actrice exceptionnelle, qui me semblait un peu jeune pour le personnage. On l’imaginait plus âgé. Mais elle a livré une audition tellement formidable que ça ne pouvait être qu’elle. Le jeune Christian Checa (Raúl) est lui aussi formidable. On a auditionné des centaines d’adolescents, et Christian a livré plusieurs auditions exceptionnelles. On ne voyait plus d’autre acteur que lui."
"La même chose s’est produite avec Aixa Villagrán (Helena). On avait déjà fait un choix, avant cette dernière audition. Elle m’a bluffé. Et je me suis dit : « C’est elle ». Elle avait fait quelque chose de très différent des autres. Ce qui ressort du film, je pense, c’est le merveilleux travail de tous les acteurs."