En 10 ans, 400 000 familles ont été expulsées de leur logement en Espagne. Les expulsions, la précarité, ce sont les sujets que traite ce premier film du comédien hispano-argentin Juan Diego Botto en tant que réalisateur. Un sujet social très fort, un sujet tout à fait digne d'être traité par Ken Loach. On y retrouve Azucena, une mère de famille, qui va se retrouver à la rue dès le lendemain matin avec son fils ; Teodora qui s'est portée garante de son fils lorsqu'il a voulu ouvrir un commerce qui, finalement, n'a pas marché et qui, elle aussi, est maintenant menacée d'expulsion avec, en plus, son fils, couvert de honte qui ne répond plus au téléphone ; Rafa, un avocat activiste qui, voulant coûte que coûte aller au secours d'une petite fille qui va être séparée de sa mère, n'arrive finalement à rien, ni dans son travail, ni au sein de sa famille. Si la première partie du film est plutôt prometteuse, l'excès de misérabilisme et de scènes cherchant à être poignantes découragent petit à petit le spectateur et annihilent finalement toute émotion. Que voulez vous, n'est pas Ken Loach qui veut ! Dommage pour les interprètes, en tous points remarquables, Penelope Cruz et Luis Tosar en tête, elle productrice du film, lui récemment apprécié dans "Les repentis" (Tiens donc, un film réalisé par Icíar Bollaín, l'épouse de Paul Laverty, le scénariste de ... Ken Loach !). On notera par ailleurs que la police espagnole semble se conduire de façon aussi douce et sympathique que le police française face à des manifestant.e.s qui demandent : "des mesures sociales, pas des policiers".