Attention cet avis comporte ce genre de spoilers :
garanti sans jumpscare.
Il est des films qui ne payent pas de mine au visionnage et qui pourtant laissent un souvenir impérissable dans une mémoire de cinéphile. Lamb est évidemment de ceux-là. Si tu viens pour les monstres contorsionnistes, fantômes hystérique ou les coup de stress à heure fixe, tu vas être surpris et peut-être un peu assoupi. Le film est nordique, épithète pratique, quasi d’excuse, pour annoncer son caractère austère, taiseux, économe dans ses moyens.
Alors oui, on aura soupiré devant un premier chapitre particulièrement peu amène (lumière blanche, scènes de la vie pastorale, boulot-boulot-boulot, plan sur-cadrés, rythme lent, teints blafards des 2 personnages qui refusent de (en) parler. On aura ricané devant certains plans anthromorphiques de moutons qui semblent en savoir plus longs que les autres. Mais on aura été séduit par la capacité du film à transformer le familier en étrangeté et réciproquement, avec cette fameuse économie de moyens, sans esbroufe esthétique, ni discours verbalisé.
Car austère, taiseux, économe dans ses moyens, tout est justifié. Commencé bas, le film monte crescendo (en pente très douce) : la mise en scène, les couleurs, le propos. La forme souligne le fond et les états d’âme des personnages. Jusqu’au final, saisissant. Et là, on comprend tout. On comprend surtout que Lamb agit comme un conte fantastique. Son histoire simple se prête à différentes lectures. En vrac sur : la normalité, la tolérance, le rapport animaux/humains, la place des humains dans tout ça. S’il n’apporte pas de réponse, le film pose beaucoup de questions, et des cheloues. Pas si innocent que ça, l’agneau !
Allez, chef d’œuvre, non pas pour le plaisir devant le film mais pour sa capacité à nous poursuivre longtemps après.
Moralité : bêlera bien qui bêlera le dernier.