"Pas un mot" n’est pas, loin de là, le premier film à nous faire rencontrer une mère célibataire quelque peu perturbée face à un adolescent mal dans sa peau, qui en veut à la terre entière et dont on peut penser qu’il n’est pas exempt de tendances suicidaires. Toutefois, "Pas un mot", pour diverses raisons, arrive à se détacher par rapport à la grand majorité des films empruntant ce schéma bien connu. Il y a d’abord l’atmosphère générale du film, très froide, qui produit du début à la fin une grande tension chez le spectateur : les dialogues ne sont remplis d’aucune chaleur, les visages sont toujours fermés. Pour apporter l’émotion qui semble absente des rapports humains, il y a l’utilisation de la musique, avec de nombreux extraits de la 5ème symphonie de Mahler et les musiques originales de Amélie Legrand, une violoncelliste et compositrice française établie à Berlin. Il y a la beauté sauvage de Belle-île-en-mer, avec sa magnifique côte rocheuse, avec la marée, parfois haute, parfois basse, une représentation venant de la nature de l’évolution des rapports entre la mère et son fils. Il y a la mise en scène sans fioriture de Hanna Slak, une réalisatrice slovène établie en Allemagne et dont The miner, son premier long métrage, avait été retenu pour représenter la Slovénie aux Oscars de 2018. Il y a la prestation de Maren Eggert, l’interprète de Nina, ce mélange de force et de fragilité, remarquable et remarquée dans "Je suis ton homme" de Maria Schrader et dans les films qu’elle a tournés sous la direction de Angela Schanelec, ainsi que celle de Jona Levin Nicolai, l’interprète de Lars. il y a le travail somptueux à la lumière et à l’image de la directrice de la photographie, la française Claire Mathon. Tout cela contribue à faire de "Pas un mot" un film très international qui sort de l’ordinaire malgré un point de départ somme toute très banal. critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-express-pas-un-mot/