Ce film est plutôt bon. On le regarde pour monica déjà, pour la sicile et les siciliens ensuite. C'est une sorte de film d'auteur qui fait penser à du Marcel Pagnol (ou la Provence serait la Sicile). On regarde avec une grande attention, il y a un côté pédadogque très intéressant. Ce film nous apprend beaucoup de choses sur la vie, sur l'humilité en particulier.
Malheureusement ce film n'est pas distrayant, pour la simple raison que de trop nombreuses intriguent secondaires relativement peu intéressantes viennent ponctuer au moins les deux tiers du récit. Certains diront sans doûte que les intrigues secondaires mettent en scènes des situations marquantes que l'auteur à voulu représenter, mais les personnages secondaires ne sont pas assez attachants pour y prendre goût à mon avis.
Quand on est bercé par des films américains dans lequel on est blasés de voir des héros toujours lisses, parfaits et sans défaut, ici, on suit l'aventure d'un garçon que tous les adultent méprise en lui disant "pousses-toi, tu n'a rien à faire là", que sa famille violente et traumatise, et qui pourtant semble bien plus mature que tous les autres personnages de ce film.
Ce garçon qui n'a aucun courage, qui n'a absolument rien d'un héros, c'est troublant de voir ça dans un film, mais pour une fois le spectateur peut s'identifier à ce personnages qui, comme tout le monde, a aussi des défauts. Du fait de sa maturité il a du mal a s'intégrer dans la société, parce que les jeunes de son âge sont plutôt voyou et que ça ne semble pas l'intéresser de trainer avec eux. Ces jeunes sont plutôt du genre à se moquer de lui d'ailleurs.
Etonnament, le language est très cru, beaucoup de grossièreté, ça donne un cachet et une indépendance supplémentaire à l'oeuvre. Ce film montre aussi beaucoup les avantages et les inconvénients de la vie dans un petit village où tout le monde se connait. C'est surement pour développer cet aspect bien précis qu'il y a autant de scènes qui ne font pas avancer l'intrigue principale.
Malheureusement je ne peux pas rentrer dans les détails sans spoiler, mais ce film a quelque chose de très fort, il arrive à faire passer l'idée que ce garçon est très malheureux dans sa tête et qu'il se raccroche à son amour pour Malena. Que sans ses fantasmes qui sont pour lui un espoir d'un avenir heureux, il ne serait plus rien. D'ailleurs il va même tous les jours à l'église demander à la vierge marie de faire en sorte que malena reste célibataire le temps qu'il devienne majeur.
Il y a très peu de dialogue dans ce film. Tout se joue dans la gestuelle et le comportement des italiens. Guiseppe Sulfaro porte vraiment le film avec brio, c'est un acteur fantastique car ce n'est vraiment pas un rôle facile à jouer tant la psychologie de son personnage semble complexe. Les timides comme moi arriveront tous à s'identifier à lui parce qu'on a tous été amoureux pendant plusieurs années d'une personne en pensant que cette personne nous ignore.
Ce qui est marrant, c'est que le film est basé sur une seul seule "va-t-il pêcho la meuf" et on attend que ça pendant les 1h30 de film. Moi si j'étais producteur j'aurais jamais osé faire 1h30 de contenu avec un thème aussi limité. Mais l'absence de dialogue nous permet vraiment d'étudier, d'observer, d'analyser et de nous attacher à cette petite communauté de villageois. Fort heureusement, la bande-son est excellente.
Mais comme je l'ai dit, c'est une sorte d'oeuvre d'auteur qu'on suit par curiosité ou par soif d'originalité... mais pour le show et le divertissement, malheureusement, on repassera. Et le fait d'avoir basé le film en 1940 apporte un peu plus de lourdeur et de vétusté au cachet.
En effet, non seulement le budget ne semble pas faramineux, mais en plus les technologies de production semblent volontairement modestes pour donner un cachet d'époque supplémentaire... Mais le charme de la sicile, et siciliens, et surtout des deux acteurs principaux nous sauve brillament d'un ennui profond.