Derniers Avis sur The Emigrants

L'American Dream n'est pas quelque chose de nouveau avec cette terre qui est depuis longtemps vue comme un endroit où tout est possible si l'on travaille dur. Karl-Oskar n'est pas du genre à rechigner devant l'ampleur d'une tâche et propose à sa femme Kristina de quitter la Suède pour aller s'installer au Minnesota dans le but d'offrir une vie meilleure à leurs enfants. Alors qu'elle est réticente à quitter ses proches, Kristina finit par accepter même si on n'a pas l'impression qu'elle avait vraiment le choix. Ce n'est pas la première fois que le roman de Vilhelm Moberg est adapté à l'écran après notamment la version de Jan Troell qui a été nominée deux années de suite aux Oscars. Erik Poppe prend quelques libertés puisqu'il raconte cette histoire à travers le point de vue de Kristina. Les principaux personnages sont des femmes et les hommes sont relégués au second plan alors même qu'ils prennent toutes les décisions. On a l'impression de voir cette pauvre Kristina subir tous les choix de son mari, de ce voyage pénible à travers l'Atlantique à cette installation difficile au milieu de nulle part en passant par tous les drames personnels vécus par le couple. Un couple qui ne respire pas l'amour. Une version féministe de l'œuvre qui semble avoir mal choisi son héroïne, car la seule qui correspond à cette vision de femme "forte et indépendante" est Ulrika. En plus d'être évidemment condensé, le récit est assez fade avec finalement peu de moments marquants. On peut aussi parler de l'absence d'émotion et des personnages qui ne sont absolument pas attachants. Si je ne me suis pas ennuyé malgré la durée du film, j'ai trouvé ce "The Emigrants" assez décevant.

Un couple et leurs enfants quittent la Suède, où ils vivent misérablement, et vont tenter leur chance en Amérique. Après Jan Troell, en 1971, Erik Poppe s'attaque à son tour au livre de Vilhelm Moberg (publié en 1949). Non sans en livrer une version assez différente, ce qui n'a guère plu aux spectateurs suédois, l'accusant de "révisionnisme", avec l'accent mis sur un discours féministe et une bienveillance appuyée aux pas si sauvages amérindiens Le fait que ce soit un réalisateur norvégien qui adapte un classique suédois n'est sans doute pas étranger non plus à ce rejet. Quoi qu'il en soit, et sans connaître l’œuvre littéraire, il est évident que le film a du mal à résumer une histoire aussi dense en 2 heures 30 et que la tentation de l'académisme n'est jamais loin. Mais dans cette découverte du Nouveau monde, l'émotion n'est pas absente, surtout vers la fin, et le portrait féminin est effectivement de ceux qui touchent. Tout aussi marquant est la sévère critique de l'intolérance de la religion telle que pratiquée par certains émigrants.. (Re)voir ensuite les deux longs-métrages de Jan Troell, davantage fidèles au roman, serait sans doute une excellente idée.