Si vous n'aimez pas la gymnastique, passez votre chemin. Car 50% du film est occupé par du travail aux barres asymétriques (un peu à la poutre). Et les autres 50%? Par les manifestations de 2014 sur la place Maïdan de Kiev. Bref, ce n'est pas un film de divertissement -mais quel beau film! Et on est fiers que ce soit un français, le jeune Elie Grappe, qui l'ait réalisé. Voilà qui nous réconforte. Un français capable de filmer autre chose que des polissonneries, c'est un scoop! On va suivre avec intérêt la carrière de ce nouveau venu...
Olga est une petite Ukraino-suisse de 15 ans -son père, le Suisse, est mort. Sa passion: la gymnastique. C'est la meilleure de l'équipe d'Ukraine. Elle veut, d'abord gagner les championnats d'Europe, et puis être sélectionnée aux JO. Mais sa mère, journaliste politique farouchement opposée au président Ianoukovitch est directement menacée, et sa fille avec elle. Alors, il faut qu'elle quitte le pays: elle peut avoir la nationalité suisse (bizarre, nos voisins Helvètes sont singulièrement plus accueillants avec les étrangers quand ceux ci sont susceptibles de leur ramener des médailles)
La voici dans ce magnifique centre d'entrainement. Elle est tête de cochon, facilement irritable, facilement rebelle. Difficile de se faire des amies. Elle se lève aux aurores pour aller s'entrainer toute seule, au mépris du risque et des règlements. Elle veut dominer la sortie de barres la plus difficile. Elle ne ferait que ça: s'entraîner. En même temps c'est une gosse qui dort avec son nounours, tiraillée entre des pulsions contraires. Etre la meilleure, ou bien tout laisser tomber, aller soigner sa mère qui s'est fait tabasser, rejoindre son amie gymnaste ukrainienne (celle qui était presqu'aussi bonne qu'elle mas pas tout à fait) et qui passe désormais ses soirées sur la place Maïdan, et voit des gens tomber, morts....
Magnifique héroïne, cette petite Olga. On a envie de pleurer avec elle quand elle pleure, on voudrait tellement qu'elle réussisse! Un film à montrer dans les lycées à tous ces jeunes glandus, qui mènent, en se plaignant, une existence larvesque....