Le moins qu’on puisse dire, c’est que celui-là, je ne l’attendais pas du tout…et je m’attendais encore moins à ce qu’il me plaise autant. Les films d’action américains, si on retire les franchises et autres licences du lot, qu’est ce que ça recouvre aujourd’hui ? Des séries B dans le meilleur des cas, Z et tournées dans un entrepôt en Bulgarie dans le pire…ou des véhicules DTDVD pour des stars sur le déclin comme Jean-Claude Van Damme, ou des never-been comme Ray Park. Oui, il existe encore des Big Actionners, tournés par des réalisateurs cotés comme Michael Bay ou Walter Hill…et ce sont des trucs bourrés d’effets spéciaux et d’explosions, mais généralement complètement cons. Non que ce qui se passe à bord de ce Shinkansen lancé à pleine vitesse soit de la plus vive intelligence…mais y placer plusieurs groupes de tueurs à gages ayant chacun un agenda qui risque de fort contrarier celui des autres était clairement une excellente idée de départ. Il y en a un qui est adepte des perles de sagesse et en pleine remise en question existentielle, d’autres bossent en duo et l’un des deux voit le monde entier à travers le prisme de “Thomas le train et ses amis”. On y trouve aussi du Mexicain tape-à-l’oeil et ivre de vengeance, du yakuza contraint à exécuter docilement une mission sous peine de voir son fils mourir et de la nymphette perverse et manipulatrice. Le plus grand point fort de ‘Bullet train’, c’est que ces personnalités toutes plus barrées les unes que les autres vont se croiser et se recroiser à bord du train, se soupçonner, s’identifier, se bastonner et s’entretuer au gré d’alliances changeantes. Ca ne s’arrête jamais, le train file à du 300 km/h, effectue des arrêts d’une minute chrono dans chaque gare et comporte des wagons aussi étranges que le “wagon du silence” ou le “wagon des personnages de manga”, ce qui donne lieu à des scènes d’action survoltées totalement en phase avec un humour et une autodérision permanentes, sans la moindre once de ce premier degré qui finit presque toujours par rendre les Actionners hollywoodiens ridicules. Après tout, il fallait s’y attendre, David Leitch avait déjà officié sur le premier ‘John Wick’ et le second ‘Deadpool’, parfaite symbiose de combats ultra-violents et d’humour irrévérencieux. Il y a aussi quelque chose du Guy Ritchie des grandes années dans ces entrechats entre assassins pas aussi doués qu’ils le croient, quelque chose qu’il n’avait parfaitement réussi qu’avec ‘Snatch’...mais ce ton est couplé avec un grain de folie indéfinissable, que je suppose provenir du roman japonais dont le film est tiré et qui devait carburer à quelque chose dont je souhaiterais les références au plus vite.