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🎬 RENGER 📼
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2,0
Publiée le 23 octobre 2020
No Way (2020) nous plonge au cœur des landes néerlandaises à la rencontre de Stijn Hilgers, l’un des derniers bergers traditionnels des Pays-Bas. Grâce à lui et ses moutons, ils parviennent à maintenir la biodiversité dans cette région reculée, mais son métier se meurt…
Le réalisateur Ton van Zantvoort connait bien Stinj (il lui avait déjà consacré un court-métrage avec The Past as Future - 2011), c’est en découvrant (bien des années plus tard) ce qu’il était devenu et ce qu’il subissait au quotidien, qu’il a décidé de mettre en lumière le calvaire vécu par les bergers au XXIème siècle.
Avec le temps, Stinj était devenu un homme stressé, le monde moderne l’avait changé, le métier de berger n’avait plus rien de comparable avec ce que l’on peut s’imaginer. Stinj se bat contre la mécanisation de son métier, contre ses voisins, la population (qui va jusqu’à râler à cause de 3 crottes de moutons, au point d’appeler la police !). Comment continuer à vivre en marge de la société, quand le monde qui vous entoure est en conflit avec vos convictions ?
Lorsqu’il perd son principal contrat de pâturage, sa situation financière se complique et il doit se réinventer pour tenter de s’en sortir. C’est ce que nous fait découvrir le film. Un homme passionné et avec de fortes convictions. Stinj est loin de l’image d’Epinal du berger des montagnes, il est charismatique et on se prend d’affection pour lui.
Ton van Zantvoort aura su donner la parole à ceux qui ne l’ont pas et nous offre un documentaire à l’esthétisme particulièrement soigné.
La quarantaine bien entamée, Stijn élève des moutons. Il peut compter sur le soutien de ses parents dont il a repris une partie des terres, de sa femme qui, diplômée d'une école d'agriculture, tient la comptabilité et de ses deux enfants. Mais cela ne suffit pas à faire face aux difficultés qui s'accumulent : les subventions se tarissent, les voisins qui lui refusent le droit de passage à ses bêtes, la concurrence d'exploitations plus grandes et plus mécanisées qui n'hésitent pas à aller chercher des bergers en Europe de l'est...
L'an dernier, "Au nom de la terre", avec Guillaume Canet, racontait avec force le combat d'un agriculteur de Mayenne criblé de dettes. Il y a neuf mois, "Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes" documentait la même histoire cette fois-ci en Auvergne. "No way" nous fait franchir les frontières sur les traces d'un cowboy anachronique dont on pressent dès le début du documentaire que son destin sera le même que celui de ses deux cousins français.
Le réalisateur Ton Van Zantvoort a voulu poétiser le métier de berger en filmant le Brabant sous la brume. Ces plans, retravaillés à la palette graphique, sont sans doute très beaux ; mais il n'est pas sûr qu'ils apportent grand-chose au propos. On aurait aimé en revanche qu'on nous explique avec plus de pédagogie les difficultés dans lesquelles Stijn et son exploitation se débattent. On comprend qu'elles proviennent notamment de la brutale perte d'une subvention publique (versée pour l'entretien des terres ?), soulevant la question de la viabilité d'une activité incapable d'équilibrer ses recettes et ses charges.
Bien sûr, on se prend de sympathie pour Stijn et pour sa petite famille. Mais cette empathie ne suffit pas à pimenter un documentaire sur une situation déjà mieux décrite par ailleurs.
On se prend d'affection pour ce berger, sa famille et ses animaux. Son combat est beau et parait parfois perdu d'avance mais cela rend le film encore plus touchant. Les images sont magnifiques. Lumière très belle. Paysages grandioses. Beaucoup de moment drôles et tendres. Cela fait réfléchir sur nos choix de vie et sur l'avenir qu'on veut donner à nous et à nos enfants. Un gros coup de cœur !