Drame solaire
J’avais tout simplement adoré les deux précédents films de Mikhaël Hers, Ce sentiment de l’été et Amanda. Ce ne sont pas ces 110 minutes qui me feront changer d’opinion, Hers est un grand scénariste et un beau cinéaste de l’intime. Paris, années 80. Elisabeth vient d’être quittée par son mari et doit assurer le quotidien de ses deux adolescents, Matthias et Judith. Elle trouve un emploi dans une émission de radio de nuit, où elle fait la connaissance de Talulah, jeune fille désœuvrée qu’elle prend sous son aile. Talulah découvre la chaleur d’un foyer et Matthias la possibilité d’un premier amour, tandis qu’Elisabeth invente son chemin, pour la première fois peut-être. Tous s’aiment, se débattent... leur vie recommencée ? Cette plongée dans une famille tourmentée des 80’s tient en haleine et dresse un portrait plein de charme d’une femme qui pourrait être notre amie. Réaliste et lumineux à la fois.
Ce réalisateur sait filmer les villes, surtout la nuit. Comme dans ses précédents films, il crée des ambiances – en particulier, nocturnes -, tout à fait poétiques. Ici, c’est le XVème arrondissement de Paris et surtout le quartier Beaugrenelle avec ses grandes tours, ses esplanades, la Seine en contrebas, des rues plus résidentielles, la Maison de la Radio en face...qui sert d’écrin au drame. Les références aux Nuits de la Pleine Lune d’Eric Rohmer – sorti en 1984, dont on peut voir un extrait -, sont tout à fait évidentes. Pourtant ce film sait éviter à la fois la nostalgie facile et le désenchantement convenu, pour se concentrer sur la sensibilité bourrée de romanesque de tous les personnages en pleine construction – ou reconstruction - amoureuse. C’est beau et simple à la fois. Parfois on met du temps à aimer un film dit une des héroïnes… pour celui-ci, on n’a pas ce problème, on l’aime instantanément.
Et le casting particulièrement soigné n’y est pas pour rien. En hait de l’affiche, une Charlotte Gainsbourg, qui trouve là, à mon avis, son meilleur rôle à ce jour. Tendre et touchante, elle illumine ce film. Autour d’elle gravitent Quito Rayon Richter, Emmanuelle Béart, Noée Abita, - découverte dans Ava et revue avec intérêt dans Slalom -, Megan Northam, Clément Poitrenaux, Thibault Vinçon. Ce film est une étoile filante au firmament des perles du moment. Un drame chuchoté, tout en douceur, pudeur et humanité. A voir absolument.