Alors que je visionnais ce téléfilm, il s'est produit un étrange phénomène: mon écran s'est soudain embué puis comme des larmes huileuses ont commencé de dégouliner de haut en bas sur toute la largeur de l'écran, on aurait dit le Saint Chrême. Après quelques minutes de perplexité (même sans plus rien voir, je pouvais suivre l'intrigue), j'ai compris le phénomène : non, le Christ n'allait pas m'apparaître en majesté, mais tous les bons sentiments, qui farcissaient ce téléfilm comme une dinde à Noël, suintaient de partout, dégoulinaient sur les images et troublaient malheureusement les beaux paysages d'Indre-et-Loire, qui étaient, de toute façon, mal filmés. Je me suis souvenu que la même chose s'était produite alors que ma belle-soeur regardait un concert de Patrick Fiori sur Youtube. On connaissait Patrick Fiori chanteur larmoyant, on le retrouve mauvais acteur. Il faut dire que, question médiocrité dans le jeu, il est bien entouré dans ce téléfilm. D'où vient cette idée saugrenue, dans les séries ou les téléfilms français, de vouloir à tout prix recycler de mauvais chanteurs (ou "stars" du petit écran) en mauvais acteurs. Il existe tout de même pas mal de talents de comédiens en France. Mais je crois qu'il y a une explication : la nullité du scénario et des dialogues (même le jeune du village des Pays du Centre, ici, parle comme les jeunes de banlieue...) appelle à la plus grande médiocrité possible dans le jeu. Sans parler de celle de la réalisation, de l'image, de la musique et tout le tralala. Dans ce cas, on hésite entre l'indigence et l'indigeste, jusqu'à ce qu'on comprenne que, dans ce téléfilm, les deux entrent en une pleine harmonie. Et c'est une offre du "service public" qui irrépressiblement rappelle l'inénarrable "Olivia" de TF1. La daube peut être un plat très goûteux, mais pas celle que nous sert, avec ce téléfilm et tant d'autres, le service public : la chair est avariée, l'assaisonnement insipide et la digestion, impossible. Le "service public" supprime Magellan et Mongeville, qui étaient certes très très loin du chef d'oeuvre, mais qui étaient tout de même mieux joués et dont les dialogues (sinon les intrigues) étaient à de rares occasions un peu mieux pimentés. Avec "Mauvaises graines", on atteint le degré zéro du téléfilm. La moitié d'une étoile pour ça, c'est déjà trop !