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    Spencer
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    Jorik V
    Jorik V

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    3,5
    Publiée le 12 novembre 2021
    Dès le départ, un encart nous indique que ce film est une fable inspirée de la vie de Lady Di, Princesse de Galles. Par ce terme, il faut comprendre que les auteurs ont fait le choix d’extrapoler et/ou d’inventer ce que l’on verra dans le film à partir de ce que l’on connait de par notre culture et de ce qui a été raconté par la presse. Nous voilà donc parti pour un weekend de Noël à la campagne avec la famille royale vu par le prisme de Diana Spencer juste avant son divorce avec le Prince Charles. Et il reprend exactement le même procédé que pour l’acclamé - mais pourtant pas particulièrement aimable ni transcendant - « Jackie ». C’est-à-dire qu’il condense le récit sur quelques jours et nous met dans la peau du personnage principal. Loin du bioipic classique, c’est encore une fois une variation fantasmée ou inventée pour les besoins du film sur un personnage culte et vénéré. Et c’est paradoxalement bien plus réussi que le précédent biopic sur Lady Di (le fade et consensuel « Diana » avec Naomi Watts) qui n’avait pas laissé un grand souvenir. « Spencer » peut se voir comme un complément à la série « The Crown », une série culte qui tente au mieux de nous narrer l’Histoire de la famille royale anglaise.



    Si ce nouvel opus de Pablo Larrain prend les mêmes chemins que « Jackie », il est bien plus percutant et moins neurasthénique et hermétique. Comme si ce personnage-là s’adaptait mieux à cette façon de procéder et à ce traitement contemplatif et éthéré que celui de la veuve Kennedy. Ce n’est pas l’interprétation qui est en cause, Natalie Portman en Jackie Kennedy était tout aussi impressionnante de mimétisme que Kristen Stewart en Diana Spencer. Mais certainement plus une question de ressenti et d’univers qui s’adaptent plus ou moins à tel ou tel personnage et à la sensibilité de chaque spectateur. Mais revenons à la composition clairement oscarisable que nous offre la jeune actrice qui ne cesse d’étonner par ces choix de carrière judicieux et audacieux où elle ne cesse de nous surprendre et nous enchanter. Outre la ressemblance frappante qui nous donne l’impression que le film et le rôle ont été écrits pour elle, le moindre de ces gestes, de ces expressions ou de ces paroles sonnent plus vrais que jamais. Un rôle et une composition qui feront date et dont on devrait vite reparler avec la saison des récompenses en approche.



    L’autre point fort de « Spencer » est sans conteste sa mise en scène grandiose et envoûtante. Larrain film ce weekend dans la campagne anglaise comme une errance. Celle d’une jeune femme perdue dans un milieu qui ne lui va pas et qui ne veut pas d’elle. Presqu’à la lisière du fantastique, les images la voyant déambuler dans les interminables couloirs et les salles immenses du palais sont fantomatiques. La brume qui se lève sur les jardins, les immenses cuisines du palais vides ou encore ces repas guindés et silencieux, tout est traversé par le personnage de manière désincarnée, comme l’est ce film sans que ce soit péjoratif. Et l’arrivée du titre par le biais d’un sublime plan aérien est d’une singulière beauté évocatrice. Il est engoncé entre les limites du domaine comme pour signifier la condition d’une femme coincée pour trois jours dans un lieu et avec des gens qu’elle ne supporte plus. Les images léchées s’enchainent et le côté contemplatif et dépressif du long-métrage est en totale osmose avec la détresse morale du personnage. La musique est certes un peu agaçante et la fin se traîne mais Larrain nous offre une superbe et crépusculaire vision de la tristesse. Tristesse d’une figure qui n’a jamais été vraiment à sa place mais qui alimente encore les rêveries les plus folles.



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