Dix ans après leurs noces, la relation entre le Prince et la Princesse de Galles est à couteaux tirés. Entre les rumeurs de divorce et la liaison extra-conjugale qu’entretient le Prince, dire que leur couple bat de l’aile est un euphémisme. Il faut faire bonne figure, cacher son mal-être et privilégier le paraître, le faux-semblant, surtout aux yeux de la population et des paparazzis, devenus l’obsession de la garde rapprochée. Si la monarchie renvoie une belle image, dans les coulisses, c’est tout autre chose, les conventions, les obligations, les bonnes manières, la déconsidération de la Reine, tout ça commence à peser sur le moral de la Princesse…
Pablo Larraín commence à être un habitué des biopics, après Jackie (2016) sur l'épouse de John Fitzgerald Kennedy et Neruda (2017) sur le sénateur Pablo Neruda, cette fois-ci, il dresse le portrait de la Princesse de Galles en se focalisant sur un moment bien précis de son existence, à savoir les fêtes de Noël de 1991 avec la famille royale à Sandringham House, dans le comté de Norfolk en Angleterre. Cette réunion de famille tombe au plus mal, Diana sait que le Prince la trompe, elle tente de faire bonne figure malgré l’affront, mais tout ça la ronge de l’intérieur.
Si l’on ne compte plus les documentaires sur Lady Di, les fictions et autres biopics restent assez rares, la preuve en est puisqu’il s’agit seulement du 2ème, après Diana (2013) d'Oliver Hirschbiegel. Ici, Pablo Larraín se focalise sur un temps bien précis, si bien que si vous vous attendiez à un drame biographique classique reprenant les grandes heures de son existence, vous risquez fort d’être déçu. D’emblée, le film déconcerte, via une mise en scène extrêmement contemplative, Spencer (2021) dresse le portait de la Princesse sur un très court laps de temps, à savoir 3 jours. 120 minutes qui nous en paraissent le double, certes magnifiées par une belle composition signée Jonny Greenwood, mais force est de constater qu’à plusieurs reprises, la mise en scène léthargique ne nous aide pas à tenir la cadence.
Alors certes, la très belle photo signée Claire Mathon (les extérieurs enveloppés de brouillard et les plans nocturnes) et l’excellente interprétation / métamorphose de Kristen Stewart parviennent finalement à nous tenir en haleine. Le réalisateur transforme avec une réelle aisance son drame historique en une sorte de thriller psychologique fantasmagorique. C’est beau, édifiant, tragique et brillamment interprété, mais… très clairement, le film aurait pu gagner à être raccourcit, tout en évitant la lourdeur de la symbolique horrifique (les clins d’œil évident aux films de la Hammer et à l’hôtel Overlook de Shining).
C’est beau, très soigné, l’enrobage est là, mais à trop en faire, le réalisateur finit par lasser et à perdre (ou endormir) le spectateur en cours de route.
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