Traiter de la folie ou du handicap au cinéma, ou tout du moins en images et via la fiction, n’est pas chose aisée. On peut vite tomber dans le trop, le pas assez, le caricatural voire le ridicule. On peut prendre comme exemple la catastrophe faite film que fut « T’aime » de Patrick Sébastien sorti il y a vingt ans pour le pire et « Vol au-dessus d’un nid de coucou » de Milos Forman, plus ancien encore, pour le haut du panier. Mais vouloir aborder une maladie plus précise comme la schizophrénie relève souvent d’un exercice périlleux, surtout quand on veut le prendre sous un angle social et réaliste et non pas, au hasard, par le biais d’un thriller ou d’un film d’horreur qui autorise en général plus de libertés. D’un autre côté, la maladie d’Alzheimer a souvent donné de grands films avec de grandes prestations, en témoignent les Oscars reçus par Julianne Moore pour « Still Alice » et Anthony Hopkins pour « The Father ». A ce titre, on peut dire que « Le soleil de trop près » s’en tire avec les honneurs dans la manière d’aborder le sujet et c’est son gros point fort...
La principale raison pour laquelle le long-métrage est plutôt réussi et crédible dans sa vision de cette pathologie complexe est sans nul doute le travail de documentation et d’immersion probablement effectué en amont, cela se sent. Mais encore plus que cela, c’est certainement la composition incroyablement subtile et crédible de Clément Roussier, un acteur quasiment inconnu qui délivre là son premier grand rôle au cinéma. Aussi adorable et altruiste quand son personnage est dans de bonnes conditions psychologiques, il nous fait également trembler lors de ses accès de folie incontrôlée entre vulgarité, simili violence et incohérences de comportement. Un rôle très casse-gueule dont il se tire avec les honneurs. A ses côtés, la douceur de Marine Vatch ou celle de Diane Rouxel (dont le personnage est étrangement abandonné en cours de route) font également des merveilles et permettent un contrepoids à ce personnage fort et haut en couleurs.
Malheureusement, si « Le soleil de trop près » montre bien les conséquences de cette maladie psychologique sur l’entourage du personnage et sa vie de tous les jours, il manque de beaucoup de cinéma à ce premier film touchant et plein de bonnes intentions mais parfois maladroit et surtout formellement assez pauvre. Un long-métrage fragile qui ressemble bien trop à un banal téléfilm si ce n’est quelques idées de mise en scène comme cette focale sur les cheminées d’usine et la fumée noire qui s’en dégagerait. Une métaphore un peu maladroite mais qui permet au jeune cinéaste de muscler sa mise en scène d’un peu d’originalité. Ensuite, cette première œuvre déroule son programme de manière parfois un peu trop elliptique, ou alors de manière très prévisible (on sait et on sent la rechute arriver) et sans direction claire. Les moments où Basile s’emporte sont forts mais rendent le reste du film plus anodin et donc aboutissent à un ensemble déséquilibré. Un essai à la fois prometteur et juste dans sa vision de la schizophrénie mais imparfait et visuellement bien trop pauvre pour une œuvre de cinéma.
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