10 degrés en dessous de zéro, en plein mois de juin, vous imaginez un peu ? Plus rien n'étant impossible avec le dérèglement climatique, l'argument de départ du nouveau long-métrage de Laetitia Masson, Un hiver en été, tient à peine de la dystopie. Pour une fois, le synopsis dit l'essentiel : "Dix personnages surpris par un froid glacial en plein été. Des rencontres, de la solitude, de l'espoir, de la peur, de l'amour, une chanson, la lutte des classes, et des rêves." Une véritable fresque humaine, sur le mode choral, qui témoigne d'une grande ambition, alors que la fin du monde est redoutée, mais qui ne cherche rien d'autre que l'exploration des sentiments qui nous animent tous et parfois nous détruisent. L'ensemble est forcément disparate, du moins au début, c'est la loi intangible du genre, mais la réalisatrice parvient à lui conserver une tonalité d'ensemble cohérente, entre mélancolie et espérance. Ce qui frappe aussi dans Un hiver en été, c'est sans nul doute l'égalité de traitement des personnages, qu'ils soient désespérés, cyniques ou altruistes. Aucun des membres du très riche casting ne cherche d'ailleurs à tirer la couverture à lui, dans cette troupe homogène où l'on apprécie, entre autres, le talent de Judith Chemla, Élodie Bouchez, Nora Hamzawi (une mention particulière pour elle, malgré tout), Clémence Poésy, Benjamin Biolay, Cédric Kahn ou Rafi Pitts (désolé pour ceux qui n'ont pas été cités). Sans oublier que les Nymphéas de Monet jouent un rôle tout particulier dans ce récit collectif dont les ramifications intimes parviennent à créer une unité harmonieuse, dans le chaos de la vie.