Ça pue le confinement
66 minutes ! Pour son nouveau film, Louis Garrel fait dans le minimaliste. A l’heure où les longs métrages méritent souvent amplement leur qualificatif, une comédie d’une petite heure fait figure de miniature. Abel et Marianne découvrent que leur fils Joseph, 13 ans, a vendu en douce leurs objets les plus précieux. Ils comprennent rapidement que Joseph n’est pas le seul, ils sont des centaines d’enfants à travers le monde associés pour financer un mystérieux projet. Ils se sont donné pour mission de sauver la planète. Ce film a fait partie de la section éphémère Le cinéma pour le climat du Festival de Cannes 2021… Ephémère, c’est le mot. Très vite vu et aussi vite oublié.
Le plus surprenant ici, c’est que le nom du regretté scénariste Jean-Claude Carrière soit au générique. Il n’a sans doute pas eu le temps de terminer le boulot. Car le moins qu’on puisse dire c’est que c’est indigent. L’idée de départ est pourtant originale est assez poétique. Mais ça tient une ½ heure, puis tout se délite, tout s’étiole et, en devenant un grand n’importe quoi génère un ennui profond allant jusqu’au désintérêt. On arrive à ce paradoxe d’attendre impatiemment la fin de cette grosse heure de cinéma. Même le concept d’une mer en plein Sahara n’est pas nouveau. Dès 1890, Ferdinand de Lesseps (qui a construit le canal de Suez) est allé au Sénat pour proposer de faire entrer la Méditerranée dans le désert algérien pour créer une mer intérieure. Ce projet avait deux buts : refroidir le climat et créer des terres cultivables. Jules Verne a écrit un livre inspiré de ce projet qui s’intitule L’Invasion de la mer. Il y a également l’histoire de la Salton Sea en Californie, où un barrage s’était effondré et l’eau s’était écoulée dans le désert, créant naturellement une mer intérieure. Aujourd’hui encore, Il y a des géographes, des géologues, des ingénieurs, qui ont des idées de ce type, a priori farfelues au départ mais qui sont peut-être géniales et faisables pour l’écologie globale. Alors pourquoi pas ? Le problème ici vient du manque patent de moyen pour un film fabriqué et tourné avec des bouts de ficelles durant le 1er confinement. Pour la 1ère fois, - apprend-on de source sûre – Louis Garrel tourne avec une caméra à l’épaule… et ça se voit au point que j’ai regretté ne pas avoir pris ma dose de Primpéran avent la séance. On ne peut pas tout prévoir.
Côté casting, le jeune Joseph Engel, comme ses copines Julia Boème et Ilinka Lony sont à peu près supportables. Laetitia Casta, ne doit sûrement pas sa présence à son talent, mais au fait qu’elle est la compagne de Louis Garrel et qu’en fin de compte en temps de confinement, c’est quand même plus commode de faire tourner ses proches. Même la musique de Grégoire Hetzel ne nous sort pas de la torpeur. C’est raté.