Il ne faut pas aller voir « Presque » avec en tête les sketches des Inconnus dont Bernard Campan était un pilier…Je ne connaissais pas Alexandre Jollien qui est un philosophe et écrivain suisse, né infirme moteur cérébral à cause d'un étranglement par cordon ombilical à sa naissance. J’ignorais que Bernard Campan et lui étaient grands amis à la ville…Cela a probablement dû les aider à entrer dans leurs personnages, d’un film dont ils ont co-écrit le scénario (avec Hélène Grémillon), co-réalisé, et bien entendu joué ensemble… en s’inspirant de leur relation où la verve joyeuse et la philosophie font excellent ménage. Les dialogues vifs se nourrissent de leurs échanges, et le scénario de situations vécues – comme la scène de bain dans le Léman où, dans la vraie vie, Alexandre Jollien entraîna Bernard Campan lors de leur première rencontre…Igor (Alexandre Jollien) est un homme heureux malgré son handicap, il a réussi à échapper à 37 années passées avec une mère aimante mais possessive…il a son appartement et avec son tricycle livre des paquets de légumes bio aux clients d'une superette bio. Louis (Bernard Campan) a hérité de son père, une prospère entreprise de Pompes Funèbres située à Lausanne. Patatras, Louis dans un moment d’inattention, alors qu’il va rencontrer un client, envoie Igor dans le fossé…Très embarrassé, Louis accompagne Igor à l’hôpital… Lorsque Igor l’interroge sur sa profession, le directeur des pompes funèbres s’amuse : « Quand je le dis, ça jette un froid. » Ce à quoi le livreur, rétorque sur le même ton badin : « Moi, je n’ai rien besoin de dire pour jeter un froid… » Passionné de philosophie et en mal de relations sociales, Igor s’intéresse vivement à l’activité de Louis : « Ce doit être dingue de travailler ici, on doit relativiser un tas de trucs ! » Louis, bien que directeur de son entreprise , a décidé d’aller remettre un corps à sa famille, de Lausanne à Montpellier , pour une raison que l’on découvrira à la fin du film…Alors qu’il fait une halte sur l’autoroute il découvre qu’Igor s’est glissé à coté du cercueil pour vivre une «expérience métaphysique » Louis va donc devoir trainer Igor comme un boulet , et les voici embarqués dans un road movie quasi initiatique, qui embrasse les questions de la mort, de la différence et du regard d’autrui, à grand renfort de pensées de Nietzche, Averroès et beaucoup d’autres, tout en conservant la légèreté d’une comédie, teintée de quelques traits d’humour, noir bien entendu, mais aussi de moments de réelle émotion…C’est sympathique , difficile de ne pas adhérer au message de tolérance, mais cet éloge du vivre ensemble et de l’acceptation de la différence souffre d’un aspect un peu trop convenu et donc sans réelles surprises pour convaincre pleinement.