Face au comportement de plus en plus étrange de sa fille de sept ans, une mère se met à perdre pied, emportée par un passé qu'elle a trop longtemps étouffé...
Une réalisation qui sait tirer partie de la variété de ses cadres australiens pour en faire un acteur à part entière de son récit. Une ambiance de malaise grandissant à ses débuts, capable de produire quelques séquences oppressantes lorsque ce lien mère-fille torturé frôle le point de rupture dans le conflit traumatique qui le gouverne. Une interprétation de qualité avec la très douée Sarah Snook ("Succession") et la jeune Lily LaTorre dans un rôle pas facile. Ou encore, plus globalement, une première partie plutôt réussie pour nous immerger au cœur de cette relation soudainement assaillie par les cris d'une douleur profonde et restée en suspens.
Oui, "Run Rabbit Run" a de vrais qualités à faire valoir pour mettre en scène le terrier de détresse psychologique dans lequel il veut engloutir cette mère et sa fille (et le spectateur avec) mais, passé... disons... sa première demi-heure, tous ces efforts commencent à avoir un mal fou à masquer la vacuité d'un film qui n'a en réalité que le mystère de son traumatisme originel et la nature de ses réminiscences à étirer pendant plus de 1h30.
Entre les références les plus clichées à "Alice au Pays des Merveilles" (si vous avez envie de transformer le lapin blanc en civet au bout du 150ème plan sur son regard d'ahuri, personne ne vous en voudra) et quelques seconds rôles qui donneront le sentiment de ne jamais être exploités à leur pleine mesure (le mari, la mère, la nouvelle femme), "Run Rabbit Run" va en effet sans cesse privilégier les étapes de la dégradation subite de sa relation principale pour chercher à maintenir le trouble entre folie psychologique et surnaturel et, dans le même temps, faire tout son possible pour ne pas en révéler la tragédie qui en est l'origine.
En plus d'être une mécanique ô combien classique de nombreux films aux thématiques similaires passés avant lui, le film va se montrer incapable d'en tirer quelque chose d'un tant soit peu novateur sur ses deux aspects.
À force de manifestations répétitives et donc de plus en plus lassantes, la lisière artificiellement maintenue entre rationalité et fantastique perdra tout son intérêt sur la durée au profit d'un ennui palpable et, comme le film tire beaucoup trop sur la corde du mystère autour de l'événement déclencheur (on en vient à hurler à l'héroïne de se secouer une bonne fois pour toutes derrière notre écran), lorsque vient le temps de la révélation, sa "simplicité" -car très prévisible depuis un moment- ne peut qu'engendrer la plus grande déception, surtout si vous avez un esprit tordu qui vous avait fait envisager encore bien pire (le prix à payer quand on entretient un suspense qui n'avait pas vraiment lieu d'être).
En définitive, le déploiement d'énergies plutôt prometteur que pouvait laisser suggérer ce "Run Rabbit Run" aboutit sur un pet de lapin (désolé), avec un film qui ne trouve vraiment rien d'original à faire de ses arguments de départ sinon les étirer ad nauseam pour un résultat aux forts relents de déjà-vu et, par conséquent, parfaitement oubliable.