Bien connue être une adaptation accessible aux plus jeunes, cette version de Robin des Bois s’inspire à la fois de la légende du célèbre justicier et du Roman de Renart, avec l'utilisation d'animaux anthropomorphes comme Disney en a l’habitude. Ainsi, Robin devient un sympathique renard pour son infaillible ruse, Petit Jean un ours (qui est tout sauf petit), le Prince Jean un lion (symbolique de l’animal royal), Frère Tuck un blaireau, le shérif de Nottingham un loup grossier, et Belle Marianne (telle qu’elle est appelée pour qu’on ait aucun doute sur son caractère gentil) une renarde pour sa romance avec Robin. Si le bras droit Guy de Gisbourne est aux abonnés absents, il est remplacé par un serpent nommé Père Siffleur (car comme Kaa du Livre de la Jungle, il parle souvent en insistant sur les phonèmes sifflants, en plus des animations comiques qu’ils ont en commun), jeu de mots évident avec le terme « persifleur » qui caractérise parfaitement ce personnage qui se plaît dans ses railleries et qui se tourne bien souvent en ridicule tout en servant de souffre-douleur au Prince Jean. L’anthropomorphisme permet également à Disney de s’éloigner de la condition de voleur de son personnage principal, qui entrait en conflit avec la morale établie par le studio de l’époque.
La réalisation de Robin des Bois est marquée par la réutilisation d'éléments d'animation des précédentes productions Disney : les graphiques du Prince Jean et de Petit Jean sont par exemple directement repris du roi Léonidas et de l’ours pêcheur de L’Apprentie Sorcière, film mêlant animation et prises de vues réelles sorti deux ans plus tôt. Encore plus frappant, de nombreuses voix française se reconnaissent par rapport à d’autres dessins animés. On retrouve par exemple le doublage de Philippe Dumat (le Prince Jean) pour Gargamel dans Les Schtroumpfs, Snoops dans Les Aventures de Bernard et Bianca et Picsou dans La bande à Picsou ; Francis Lax (le vautour Niquedouille) pour le Schtroumpf maladroit, le perroquet de M. Dodo dans Alice au pays des Merveilles, Orville de Bernard et Bianca, ou encore M. Tumnus et Aslan dans le dessin animé adapté du Monde de Narnia en 1979 ; Guy Piérauld (la souris Croquenote), est également connu pour être la voix française de Bugs Bunny.
On reconnaît l’esthétique très colorée typique des années 1960 de Merlin l’Enchanteur, Le Livre de la Jungle et Les Aristochats, avec des contours sur plusieurs traits et des éléments liquides qui disparaissent quand ils tombent. L’animation est marquée par quelques chansons, notamment les sifflements et les cordes pincées du coq ménestrel au début et à la fin, ainsi que la satirique Messire le roi de mauvais aloi. Le portrait des personnages est adouci afin de parler aux enfants et se plaît particulièrement à ridiculiser le Prince Jean, clairement montré comme usurpateur de la couronne. Son illégitimité passe son inattention (lorsqu’il se fait voler ses bagues et son or, seul Père Siffleur s’en rend compte), sa ridiculisation (traîné dans la boue et par la corde qui fait défiler les sacs de pièces) et son infantilisation (quand il suce son pouce en pensant à sa mère, avec sa couronne trop grande pour lui). Le roi Richard est au contraire un lion fièrement pourvu d’une crinière, lui offrant une tout autre maturité.
Robin est d’entrée présenté comme un bienfaiteur qui vole les riches pour donner aux pauvres, tandis que sa balade avec Petit Jean sur le tronc surplombant une rivière est un clin d’œil au combat qu’ils mènent l’un contre l’autre dans l’histoire d’origine. Le shérif de Nottingham est le véritable antagoniste de terrain, chargé de récolter l’argent des taxe auprès des pauvres habitants. L’humour suit son train tandis qu’il lance une pièce dans la tasse de Robin déguisé en clochard pour mieux en faire rebondir trois qu’il attrape aussitôt, ou encore quand il s’empare des dernières économies d’une famille pour celui qu’il appelle le « pauvre Prince Jean ». Père Siffleur se fait maltraiter jusqu’à subir un nœud avec son propre corps, et Petit Jean n’est pas en reste alors qu’il gobe les pierres précieuses des bagues du Prince Jean en lui baisant les doigts. Avec toutes ses qualités, nulle doute que Robin des Bois fait partie des disneys les plus appréciés de son époque !