Pour rappel, ce film a pour synopsis : Beau tente désespérément de rejoindre sa mère. Mais l’univers semble se liguer contre lui…
Ari Aster est un réalisateur américain que je trouve tout simplement fabuleux. De lui, je n’ai partout vu que Midsommar (2019), et j’ai de suite aimé son univers tout à fait loufoque, mélangé de fantaisie et d’horreur. À l’annonce de son futur projet Beau Is Afraid, je n’ai pas pu résister quant à l’envie de l’expérimenter au cinéma… et j’ai tellement de choses à dire à propos de ce film qui m’a clairement marqué à tout jamais !
Tout d'abord, il est vraiment très fascinant et si bizarre à la fois que ça en devient presque dérangeant. Ce film d’une durée de 3 heures était un pur chaos; mais un beau chaos ! Tant de choses se sont passées et je ne savais pas quoi en penser ? Je me suis parfois un peu perdue dans l’histoire, mais l’expérience (ce que je recherchais vraiment) a été incroyable. Je pense sincèrement que c'est de loin le meilleur rôle que Joaquin Phoenix ait pu nous livrer ces dernières années.. cet homme est tellement talentueux.
Le film est ainsi découpé en trois parties, la première étant ma préférée. Dans ce que j’appellerais l’introduction, nous découvrons le personnage Beau (joué par un Joaquin Phœnix au sommet de son talent). On découvre alors de façon rythmée et dynamique, sa façon de vivre et on en apprend un peu plus sur ses traumatismes du passé. Beau a une relation compliquée avec sa mère castratrice, c’est d’ailleurs ce qui fera tout l’objet du film. Durant les soixante premières minutes, je suis passée par toutes les émotions quant à ce drôle de personnage. J’ai eu peur pour lui, puis j’ai eu pitié et enfin, j’ai été triste. Le quartier où il vit est témoin de tous les vices humains, on passe de la folie pure à une déshumanisation qui nous mettrait presque mal à l’aise, nous en tant que spectateur. Cette folie est retranscrite par le réalisateur à travers une série de phénomènes presque irréels, les papiers glissés sous sa porte, les inconnus qui rentrent dans son appartement, les clés volées… l’atmosphère y est tout à fait oppressante, sombre, bizarre et même parfois dérangeante. On est gêné, on se demande comment Beau a atterrit dans ce quartier mal fréquenté. À plusieurs égards, on aurait presque envie de détourner le regard, mais Ari Aster nous oblige à regarder le pauvre Beau subir une vie qu’il déteste.
La deuxième partie était très agréable à regarder, car très colorée, et peut-être encore plus effrayante que la précédente. On retrouve un Joaquin Phœnix tout à fait hypnotisant dans son rôle, et au fur et à mesure que l’on découvre son passé en image, on finit par totalement le prendre en pitié. Parfois, j’ai eu l’impression d’être plongée dans un rêve et c’est ce qui fait toute la magie du cinéma d’Ari Aster. Cet homme est plein d’imagination ! Mention spéciale aux costumes et aux paysages que j’ai trouvé exceptionnels.
Plus on avance dans le film, plus l’atmosphère s’assombrit, si bien que la dernière partie est pratiquement qu’obscurité. Je m’attendais à ce que cette troisième partie m’apporte des réponses, mais au lieu de ça, je suis restée sur ma faim avec encore plus de questions qu’au départ ! Des rebondissements, il y en a tellement que j’ai parfois eu du mal à les suivre. J’ai été trop absorbée par l’esthétisme du film que je me suis un peu égarée dans l’histoire. La mère de Beau (jouée par Patti LuPone) est parvenue à me terrifier moi aussi ! Bien que la fin m’est laissé sans voix, j’ai trouvé cette dernière partie bien plus sombre, terrifiante et inquiétante que les précédentes.
Joaquin Phoenix est tellement talentueux, polyvalent et impressionnant. Il est parvenu à retranscrire à la perfection les angoisses et les traumatismes qui submergent son personnage, victime d’une mère qui l’a contraint à vivre dans la peur toute sa vie pour ne pas qu’il s’éloigne trop d’elle.
J'ai vraiment besoin de voir ce film une seconde fois, car il y a beaucoup de scènes qui sont restées énigmatiques pour moi.