Ari Aster, connu pour ses débuts spectaculaires avec "Hérédité" et "Midsommar", revient avec "Beau Is Afraid", un troisième long métrage qui fusionne comédie, drame et horreur dans un tourbillon surréaliste. La prestation de Joaquin Phoenix, dans le rôle-titre de Beau Wassermann, est, sans surprise, remarquable et ancre le film dans une étrangeté captivante.
Le film nous entraîne dans une odyssée psychologique, naviguant à travers les angoisses profondes et les paranoïas de Beau, un homme à la recherche de sa mère disparue. Aster utilise la comédie noire comme un véhicule pour explorer des thèmes lourds tels que la relation mère-fils, la peur de la mort et l'isolement. Cependant, l'humour, bien qu'efficace par moments, peut parfois se sentir maladroit et déplacé, particulièrement lorsqu'il se confronte aux scènes d'horreur pure qui rappellent les précédentes œuvres du réalisateur.
Visuellement, "Beau Is Afraid" est une réussite. La photographie de Pawel Pogorzelski est à la fois sombre et lyrique, capturant avec succès l'ambiance cauchemardesque qui enveloppe la vie de Beau. La musique de Bobby Krlic s'accorde harmonieusement avec l'imagerie, élevant le suspense tout en ponctuant l'absurdité de certaines situations.
Là où le film excelle en esthétique, il trébuche dans son rythme. Avec une durée de 179 minutes, "Beau Is Afraid" souffre d'un excès de longueur qui aurait bénéficié d'un montage plus serré. Certains arcs narratifs semblent superflus et auraient pu être condensés pour créer une expérience plus cohérente et percutante.
Les performances du casting sont globalement convaincantes, bien que certains personnages secondaires manquent de profondeur, laissant l'audience désirer un peu plus de substance dans leurs interactions avec Beau. La tentative de mélanger plusieurs genres dans un seul film est ambitieuse, mais le résultat final est un collage quelque peu désuni qui lutte pour maintenir son identité.
La fin du film, sans trop dévoiler, laisse le spectateur avec plus de questions que de réponses. C'est à la fois la force et la faiblesse de "Beau Is Afraid". Aster a créé un monde où le spectateur est constamment déstabilisé, mais cela peut aussi mener à une certaine frustration.
"Beau Is Afraid" est une plongée dans l'incertitude, une exploration de l'angoisse contemporaine par le prisme d'un conte fantaisiste. Ce film est une expérience cinématographique unique qui ne résonnera pas de la même manière avec tous les spectateurs. Certains le trouveront peut-être prévisible et long, tandis que d'autres seront captivés par son originalité et son audace. En fin de compte, "Beau Is Afraid" est un ajout intrigant mais imparfait à la filmographie d'Aster.