Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Yves G.
1 455 abonnés
3 482 critiques
Suivre son activité
1,5
Publiée le 10 septembre 2022
Jana (Fabienne Babe) revient en Lituanie après plusieurs années d’exil. Elle se souvient de son adolescence avant la chute du Mur, de sa rencontre avec Paulius, un jeune rebelle, qui espérait s’enrichir dans le trafic de devises, avec lequel elle avait fugué au bord d’un lac qu’ils avaient baptisé « Walden ».
"Walden" aurait pu explorer un sujet intéressant : la nostalgie. Sur le papier, il nous promettait un voyage dans l’espace (entre la France et l’ex-URSS) et dans le temps qui aurait pu être l’occasion d’un regard rétrospectif sur une période nimbée de la passion des premières amours adolescentes malgré la dureté des temps communistes.
Mais le film ne fonctionne pas ; car ses deux parties ne sont pas raccord. La faute en incombe à Fabienne Babe, beaucoup trop française pour être crédible dans le rôle d’une Lituanienne quinquagénaire de retour au pays natal. Les séquences où on la voit errer dans les bois en compagnie d’un architecte polonais à la recherche de ce fameux lac noyé dans les brumes de son souvenir s’étirent interminablement et n’ont guère d’intérêt.
En revanche sont beaucoup plus réussies les séquences censées se dérouler en janvier 1989, dans une Lituanie grise et sombre, encore étouffée sous la chappe de plomb soviétique. Elles auraient suffi à elles seules à nourrir tout le film. On y voit la jeune Jana, première de la classe, fondre sous le charme du fantasque Paulius, qui l’associe à ses combines et à ses rêves d’évasion. La réussite de ces scènes doit beaucoup à la jeune actrice Ina Marija Bartaité, la fille du grand réalisateur lituanien Šarūnas Bartas, qui est tragiquement décédée début 2021 à vingt-quatre ans à peine, fauchée par un chauffard dans les rues de Vilnius.
C’est une réalisation de Bojena Horackova. L’idée lui est venue après avoir vu le documentaire de Jonas Mekas Réminiscences d'un voyage en Lituanie. Walden a fait partie de la Sélection ACID Cannes 2020.
Cela fait depuis 1990 que la Lituanie a repris son indépendance sur l’URSS en étant la première république soviétique à le faire. L'ère soviétique a laissé beaucoup de traces dans les mémoires populaires. Plusieurs films comme Au crépuscule en parle. Pour l'occasion, on va voir Jana qui revient sur sa terre natale après avoir dû fuir en France.
La majorité du film va être consacrée à son adolescence. On va voir comment cela s'est déroulé pour des lycéens à l’époque soviétique. Ce n'est pas vu purement d'un point de vue politique, mais plutôt du quotidien. Ils sont jeunes, et ne s'intéressent pas à toutes les spécificités économiques ou géopolitiques. Un point de vue intéressant sociologiquement parlant.
Walden est agréable à suivre grâce à cette petite bande. Ils sont un beau symbole de la jeunesse. Leurs préoccupations sont finalement proches de celles des adolescents de nos jours. La différence vient surtout de l’envie de liberté afin de pouvoir choisir un avenir qui n’est pas imposé par le parti. Une envie poussant des jeunes à tenter de fuir le bloc soviétique.
En revanche, ce sont les parties adultes qui vont être un poids. Celles-ci n'apportent strictement rien. On aurait aimé qu'elles servent de recul sur la situation historique, géopolitique, et sociale, mais ce n'est pas le cas. Ce sont juste des constats basiques. De plus, ça va venir casser le rythme du récit. C'est dommage sachant que c'est quand même censé être la base de la construction du récit.
Walden, réalisé par la tchèque Bojena Horackeva, possède indéniablement du potentiel sur le plan romanesque. Cette chronique des temps amoureux pour deux jeunes lituaniens, en 1989, à la veille de la chute du mur de Berlin, cumule en effet visions romantique et sociale avant un basculement vers une époque nouvelle. Potentiel, oui, mais pas tout à fait concrétisé à l'écran dans un récit qui s'inscrit aussi une trentaine d'années plus tard avec son héroïne revenant dans les lieux où elle a connu ses premiers émois sentimentaux. Il semble évident que la réalisatrice essaie à la fois de retrouver la réalité d'une époque et de lui donner des couleurs nostalgiques, embellies par le passage du temps. Le ton est un peu incertain de même que les stricts faits pour lesquels un certain flou prédomine. Dommage, parce que le couple au centre de l'histoire possède un charme et une alchimie flagrants et qu'il n'est pas désagréable de cheminer un moment en leur compagnie. Bojena Horackeva a souhaité donné du rythme à sa narration en coupant assez vite les dialogues, au point que certaines scènes ne semblent pas donner tout leur suc et que l'on se retrouve frustré sans possibilité de ressentir une émotion à laquelle on aurait rogné les ailes. Et l'on ressort de Walden avec l'impression d'un film inabouti qui n'est pas allé jusqu'au bout de ses intentions.
Excellent film qui cache derrière sa modestie une réelle exigence cinématographique. Un film qu'il savoir voir et entendre. Une ode a l'humanité autant qu'à la nature qui n'a rien a envier a Apichatpong Weerasethakul lorsqu'il fait communier dans un même élan l'homme et la nature. Courrez le voir en ouvrant toutes les portes de votre intelligence et votre sensualité.
Au premier abord ce « Walden » paraît très modeste, presque un peu téléphoné : en 1989 à Vilinus, une jeune fille rencontre un garçon un peu rebelle. Elle tombe amoureuse, elle est entraînée dans les activités louches du garçon. Mais insidieusement la beauté du film va se révéler à mesure que le récit et la mise en scène travaillent à déjouer les attentes d’un imaginaire adolescent rebattu. En un flashforward, on découvre la jeune fille devenue femme mure. Revenant sur les rives du passé, le personnage se met en quête de revoir un lac et de retrouver ses souvenirs de jeunesse. Ce mouvement va inscrire le récit dans un mouvement lacunaire, qui dévoile ses personnages comme on dévoilerait les ramifications d’un film policier : le tragique pointe son nez, les ellipses s’accumulent et les personnages se révèlent dans les interstices, le passé et le présent dialoguent mine de rien. S’y dessine alors une trajectoire qui révèle une sorte de douleur secrète : la culpabilité d’une jeune fille qui se découvre plus forte et plus libre que le monde tragiquement immobile qui l’entoure, la tristesse d’un garçon qui se sent dénué de la grandeur à laquelle il aspire. La beauté précise de la mise en scène et la douceur du regard vient éclairer les personnages et révéler une part d’ombre. Pourtant le film n'est pas triste, il est même assez joyeux, plein de vitalité (comme en témoigne l'intrigue au présent). Et puis les acteurs sont superbement castés et dirigés, dans leur manière d’être la fois beaux, héroïques et un peu communs.