À enterrer profond. John and the hole, soit le film qui a le plus divisé à Deauville, entre ceux qui l'ont adulé (ce qui fait qu'on le retrouve au palmarès du festival... On en a encore un haut-le-cœur), et ceux qui ont cru vivre un cauchemar éveillé devant un film vide, au scénario gonflé comme une baudruche et qui se prend royalement les pieds dans ses propres incohérences, jusqu'à en devenir une pastiche ridicule. Premièrement, vous ne pourrez pas passer à côté de la métaphore du passage à l'âge adulte (on "tue" symboliquement nos parents, on a peur, on revient vers eux en cas d'angoisse...), car elle est aussi fine qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, et plombe chaque séquence du film (on pense qu'une pancarte clignotante "Attention, métaphore de l'émancipation" aurait été plus discrète). On ne peut pas aussi passer à côté des infernales incohérences qui flinguent en plein cœur toute la crédibilité du scénario : outre qu'on a rigolé en pensant à la descente des corps dans le trou qui est impossible vu le gabarit du gamin (à moins de les jeter, mais comme ils n'ont pas de blessure...), on voit au début qu'il manque à la sœur environ 70cm de hauteur pour parvenir à s'échapper du trou mais la mère reste assise pour faire la courte échelle... Et sinon, la pile de coussins juste derrière eux, pour gagner de la hauteur, il faut avoir fait bac+5 pour y penser ? Bref, dès le départ, on se demande bien pourquoi ces gens restent au fond du trou, si ce n'est qu'ils sont particulièrement inintelligents. Idem pour le policier qui vient, constate une potentielle disparition de la famille, mais ne fait pas de fouilles des environs (l'alibi donné par l'enfant peut être démenti d'un rapide coup de fil au grand-père... Alors comment se fait-il que rien ne se passe ?). Ici, tous les adultes sont idiots... Et le gamin est timbré, un joli panel de personnages. Il essaie de se noyer sans arrêt, il est apathique, il n'a jamais aucune autre expression que bouder... On déteste John bien vite, et son conte ne nous a pas du tout enchanté (on espère que tout n'était que dans sa tête, vu toutes les bêtises qu'on a croisé dans le scénario... Et surtout cette fin où
personne ne lui en veut, où il est impuni alors qu'il mérite l'asile fermé à double tour
). Sans compter sur l'insertion d'une autre histoire incompréhensible, celle d'une fille et sa mère, qui l'abandonne, dont on ne sait pas ce que ces scènes viennent faire là, et la réponse du réalisateur quand on lui pose la question : "On fera peut-être un 2, avec cette histoire comme base, on verra.". Bref, il n'en sait rien lui-même, ce qu'on avait bel et bien deviné à voir ce montage de scènes hasardeux et sans utilité pour l'histoire principale. Et pour couronner le tout, comment oublier cette mise en scène clinquante au point de nous rendre aveugles : le titre qui déboule à 30 minutes du début, la fausse scène finale qui est un plan statique qui dure trois plombes (on a eu une fausse joie à l'arrivée de l'écran noir : "Hallelujah, c'est enfin fi... Ah zut non !"), pour s'ensuivre une vraie dernière scène qui ne sert à rien (le délire avec la fille qui continue... Soit. Mais pourquoi ?!). On ne comprend vraiment pas comment on peut apprécier cette métaphore ultra balourde, ces interruptions inutiles avec la fille et sa mère (dont même l'auteur ne sait pas ce qu'elles font là, l'heure est grave, mes amis...), avec des incohérences flagrantes toutes les deux minutes, des personnages écervelés et une mise en scène tape-à-l'œil ridicule. C'est nous qui sommes au fond du trou, devant pareil navet autosatisfait.