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SUZY AND MEE
138 abonnés
111 critiques
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1,5
Publiée le 5 décembre 2021
Le Figaro aurait mis la note maximale à ce film... je mets la note minimale car s'il est vrai qu'il y a quelques relents de Breaking the waves, on est loin, très loin de l'émotion suscitée par Breaking the waves : chaque plan reste fixe durant plusieurs secondes, voire même une minute ... ! quand certains personnages parlent, ce sont d'autres qui sont filmés... il ne se passe à peu près rien...! bref, on somnole gentiment jusqu'à la scène du viol... là on est content...! la scène absolument atroce nous réveille mais on se rerendort et quand on se rend compte que c'est la troisième fois, on s'en va! PS Peut-on imaginer une seule seconde qu'une témoin de Jéhovah issue d'une communauté hyper stricte ait les cheveux méchés...??
Dès son premier long-métrage, la réalisatrice géorgienne Dea Kulumbegashvili semble avoir des idées très précises de mise en scène, Au commencement privilégiant les plans fixes dans lesquels les personnages sont le plus souvent éloignés duu premier plan. Des choix forts, dans une histoire aux résonances bibliques, qui interroge la notion de péché, entre autres sujets. La qualité formelle et l'exigence artistique du film lui ont valu d'être récompensé dans tous les festivals auxquels il a participé (San Sebastian, Trieste ...). Son dispositif austère est fascinant mais il est parfois poussé un peu loin, synonyme de froideur et de distance avec son héroïne, Yana, laquelle reste tiraillée entre son devoir d'éducatrice de jeunes enfants (au sein des Témoins de Jéhovah) et ses propres aspirations de femme. Yana est doublement ostracisée de par l'hostilité locale aux croyances qu'elle représente et de par sa condition dans une société éminemment patriarcale. C'est avec la dureté et l'ascèse d'un Dreyer ou d'un Haneke que Kulumnegashvili a construit un film qui ne parlera pas à tous les publics, avec sa radicalité esthétique, son absence de B.O et sa lenteur qui prend de temps en temps des postures auteuristes. Avec Au commencement, une grande cinéaste est vraisemblablement née même si elle doit se méfier d'une tendance un peu trop marquée au symbolisme, voire à l'abstraction.
Des scènes magnifiques et poignantes, d'autres un peu manièrées et soporifiques mais au total une superbe maîtrise cinématagrophique pour un premier long métrage. A suivre.
spoiler: Yana est une épouse dévouée qui a toujours soutenu son mari dans ses projets. Ce dernier, qui est chef d'une communauté de Témoins de Jéhovah implantée dans une province géorgienne, a parfois fait l'objet de critiques et d'insultes par rapport à ses convictions religieuses, mais ce que sa communauté et lui vont vivre lors d'une office n'est rien à côté de ça. Si toute la communauté est visée par cet acte lâche, c'est surtout Yana qui va souffrir de cette situation. Après la plainte de son mari, un policier se présente à elle, ce qui marque le début de son calvaire. Une scène d'ouverture marquante filmée en plan fixe, ce qui va être la marque de fabrique de Dea Kulumbegashvili pendant tout le film, peu importe la nature des scènes. Il y en a plusieurs dans le film qui sont censées être dérangeantes qui m'ont laissé de marbre à cause de cette mise en scène rigide et froide. Le film n'est pas mauvais, mais le nombre de scènes à rallonge est abusé. Comme ces nombreux plans fixes de parfois plusieurs minutes (c'est le ressenti que j'ai eu) où Yana reste immobile. Pour moi, cela enlève toute la dramaturgie de l'histoire. Encore une fois, c'est une histoire à fort potentiel, mais qui ne m'a fait rien ressentir. Bref, un film très moyen.
Yana est l'épouse aimante d'Alex, chef d'une communauté jéhoviste dans un bourg perdu de la campagne géorgienne. Après que la salle du Royaume a été détruite par un incendie criminel, Alex va à la ville demander justice et y recueillir les fonds pour construire une nouvelle salle. Pendant ce temps, Yana, restée seule, reçoit la visite d'un inquiétant officier de police.
Disons-le tout net : Au commencement est un film qui laisse une trace profonde. Une trace d'autant plus profonde que je l’ai vu dans une immense salle de cinéma déserte dont j'étais quasiment le seul spectateur.
"Au commencement" fait le pari revendiqué d'une radicalité absolue.
Radicalité absolue dans la forme : la jeune cinéaste géorgienne Dea Kulumbegashvili filme en longs plans fixes, sans contrechamps, avec des éclairages parfois déconcertants (certains plans rappellent des maîtres flamands, d'autres laissent augurer une panne de générateur). On pense à Apichatpong Weerasethakul - dont le dernier "Memoria" n'a laissé de me déconcerter - à Carlos Reygadas - qui coproduit Au commencement - à Lav Diaz - le cinéaste philippin de l'immobilité dont les courts métrages dépassent les trois heures - aux lents travelings en noir et blanc de Pema Tedsen sur les hauts plateaux tibétains.... Cette austérité culmine au mitan du film dans un plan immobile de six minutes du visage de l'héroïne couchée dans la forêt. Geste transgressif brûlant d'audace ? Ou fumisterie tape-à-l'oeil d'un chef opérateur qui a perdu son clap de fin ?
Radicalité absolue dans le sujet traité qui ne s'éclairera très tardivement ainsi que le titre du film (dont, pour être honnête, je ne suis pas absolument certain d'avoir compris le sens) - même si la lecture du passage de la Bible dans la première scène pouvait mettre la puce à l'oreille. Au commencement donne à voir un film sur le patriarcat, sur la corruption du régime, sur l'intolérance religieuse. Une scène particulièrement dérangeante, qui rappelle le Haneke de la grande époque, oblige Yana à s'humilier devant un officier de police pervers. Mais le pire reste encore à venir : d'abord dans un long plan fixe silencieux, censé se dérouler en pleine nuit au bord d'une rivière, puis à la fin de ses deux heures, plus deviné que vu, le drame qui donne tout son sens au film (ou pas). C'est à Lars von Trier qu'on pense alors et aux outrances déchirantes de "Breaking the Waves".
Le paradoxe de "Au commencement" que j'ai détesté de bout en bout est qu'il m'a conduit pour en faire la critique à convoquer nombre de grands réalisateurs - et j'aurais pu mentionner Dreyer, Bergman, Tarkovski, Malick.... C'est la preuve de son intérêt sinon de sa qualité et c'est la raison de son succès aux festivals de Cannes, de Toronto et de Saint Sébastien (où il a emporté la Coquille d'or du meilleur film, la Coquille d'argent du meilleur réalisateur et la Coquille d'argent de la meilleure actrice).