La scénariste Dana Idisis a écrit ce film en s’inspirant de la relation entre son frère autiste et son père. Nir Bergman les connaît tous les deux, à la fois personnellement et aussi à travers le documentaire qu'elle a réalisé sur sa famille, Seret Bar Mitzvah (2013). Le réalisateur explique : "J’ai adoré la manière dont Dana s’est emparée de cette réalité pour la prolonger aussi dans une fiction, et je l’ai accompagnée pendant un moment dans l’élaboration du scénario de My Kid. Je me suis d’abord identifié au personnage du père, à ce besoin vital qu’il a de protéger son fils contre la cruauté du monde. Pour moi, My Kid est tout autant un film sur la paternité que sur l’autisme…"
Nir Bergman a choisi de confier le personnage d'Uri à un acteur professionnel (Noam Imber) et non à un vrai adolescent autiste. Le metteur en scène justifie ce choix : "Contrairement à la situation dans certains pays, notamment en Occident, où des autistes suivent des cours de théâtre et de jeu, pour des besoins thérapeutiques mais aussi artistiques, en Israël cette pratique n’est pas si développée. Cela aurait pu être une expérience extraordinaire de travailler avec un acteur autiste, mais nous n’avons pas trouvé la personne qui convenait."
Nir Bergman, Shai Avivi et Noam Imber ont visionné le documentaire de Dana Idisis et se sont concentrés sur une scène très dure où le fils refuse d’aller à l’école (qui a influencé la séquence de la tentative avortée de séparation, à la gare, dans My Kid). "En même temps, Shai Avivi ne voulait pas que son personnage soit trop proche du père de Dana. Il désirait créer un personnage à part, et je pense qu’il a parfaitement réussi."
"Bien évidemment, nous avons rencontré beaucoup d’enfants et d’adolescents autistes avec leurs parents. Par exemple, la mère célibataire d’un jeune autiste nous a parlé de sa vie, de sa lutte quotidienne pour la survie, de ses relations si particulières avec son fils, en insistant sur la façon de communiquer à part qui existait entre eux. Cette rencontre a eu un impact considérable sur le scénario et le film", précise le réalisateur.
Mettre en scène le personnage d'Uri a été le plus grand défi de la vie de cinéaste de Nir Bergman. Le réalisateur a fait appel à un acteur peu connu : il ne voulait pas que les gens, en reconnaissant un comédien identifié, se disent : "Quelle performance !". Il développe : "Je voulais maintenir le spectateur dans une forme d’incertitude : s’agit-il d’un acteur ou pas ? Dès sa première audition, j’ai remarqué que Noam Imber était parfait pour le rôle."
"Il m’a expliqué que son père avait été directeur d’un établissement pour autistes, et qu’il avait l’habitude d’observer ces enfants, leur façon de parler, leurs gestes quotidiens. Ensuite, notre travail a consisté à créer un personnage singulier, non pas un stéréotype de l’autiste, mais un individu autonome, qui a sa propre personnalité, sa propre manière de parler et de bouger. Car pour Aaron, Uri n’est pas un enfant autiste, mais avant tout son fils aimé."
Nir Bergman a tourné les scènes les plus dramatiques du film, comme celle où Uri a une crise de panique à la gare, en plans longs et frontaux : "Je ne pouvais pas arrêter de filmer. C’était si fort, et les acteurs ne pouvaient pas s’arrêter non plus. C’était beau et terrible en même temps. Au montage, on a décidé de préserver cet aspect hyperréaliste, quasi documentaire, de la scène. Plusieurs personnes nous ont dit que c’était trop dur, mais avec ma monteuse, Ayala Bengad, nous pensions qu’il fallait absolument garder la séquence dans sa longueur. Car elle montre le quotidien de l’autisme."
My Kid est à la fois un mélodrame et un road-movie, dans lequel les personnages font un voyage intérieur. Côté influences, Nir Bergman et le directeur de la photographie Shai Goldman revendiquent Manchester by the Sea de Kenneth Lonergan, qui les a aidés à saisir la bonne distance qu’un film doit avoir par rapport à ses personnages. Le cinéaste précise :
"J’aime beaucoup le cinéma de Lonergan, car son style est en apparence transparent - on ne le « sent » pas. Lonergan s’efface devant le récit et les personnages, il n’impose pas son ego sur l’écran, mais en même temps il a un style à lui, une mise en scène subtile et délicate, qui ne force pas les émotions chez le spectateur mais les laisse venir petit à petit."