Un peu comme Nathan Ambrosini qui, du haut de ses 18 ans, avait réalisé le film « Les Drapeaux de papier » sorti il y a deux ans, Suzanne Lindon et ses vingt printemps semblent manquer de maturité et d’expérience pour réaliser un film maîtrisé, pertinent et réussi. En effet, la fille de Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain, qui a donc baigné dans ce milieu, a voulu se lancer dans l’écriture, la mise en scène et jouer le rôle principal de son premier film. C’est peut-être un peu beaucoup pour une si jeune fille et n’est pas Xavier Dolan qui veut à cet âge-là… Le génie artistique adolescent n’est pas donné à tout le monde et, sans renier la précocité et le talent de cette jeune fille au demeurant et certainement très douée, « 16 printemps » est bien trop insignifiant et creux pour convaincre. C’est même plutôt mauvais si l’on juge ce premier essai de manière objective.
Non pas mauvais sur la forme, avec une mise en scène correcte et qui développe quelques bonnes idées, mais plus sur le fond avec une histoire bien trop peu développée et simpliste qui ne tient pas la durée d’un long-métrage. En effet, « 16 printemps » part d’un sujet intéressant, en l’occurrence l’histoire d’une jeune fille mineure qui tombe amoureuse d’un trentenaire et réciproquement, mais tout cela reste trop au stade d’ébauche, presque comme une note d’intention artistique que l’on aurait plaquée tel quel sur le grand écran. Et très certainement qu’un court-métrage de moins de trente minutes aurait davantage rendu honneur à ce film et au potentiel talent de sa jeune réalisatrice. Alors on ne s’ennuie pas, c’est un fait, car le film ne dure même pas une heure et quart mais cela n’empêche pas qu’on ait l’impression de regarder beaucoup de vide qui ne raconte pas grand-chose…
Cependant on peut accorder à Suzanne Lindon un certain univers en train de se dessiner (très influencé par le cinéma d’auteur dans lequel ont évolué ses parents), une bonne direction d’acteurs (Frédéric Pierrot est très bon dans le peu de scènes qui lui sont imparties et Arnaud Valois est parfait en trentenaire attirée par cette jeune fille) et il y a une bande originale sympathique qui permet à « 16 printemps » de développer ses meilleures séquences (comme celle, aérienne, qui voit le personnage principal danser dans le rue). En revanche, Suzanne Lindon aurait dû prendre une autre actrice plutôt que de se mettre en scène puisque son jeu n’est pas toujours juste et que cela aurait permis de plus se concentrer sur le reste. En somme, et en attendant la suite pour cette jeune réalisatrice, ce n’est pas détestable mais on oublie aussi vite ce film une fois qu’on l’a visionné. Et si le sujet aurait pu être passionnant et véhiculer passion(s), émotions et mettre les sens en éveil, le résultat est plutôt et malheureusement à l’opposé.
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