Seize printemps est un film précédé d'une terrible réputation, mais j'avoue que son titre principal, composé par Vincent Delerm, étant très beau, je me suis laissé tenter de découvrir le film dont il est issu. Et... Ce n'est pas bon ! En fait, le souci du film c'est qu'il n'a pas su choisir entre le réalisme et le conte. Il échoue sur les 2 tableaux de fait et n'a pas grand chose à offrir. Côté casting, les acteurs ne sont pas bons, même l'actrice réalisatrice, Suzanne Lindon, qui, si elle fait illusion toute seule en gamine de 16 ans, n'a aucune alchimie avec son acolyte, Gallois qu'il se nomme me semble-t-il. Ce dernier est une gravure de mode impavide, et autour d'elle personne n'a rien à défendre ou presque. Le scénario est minimaliste, déjà vu mais en plus de ça, sans enjeu. En fait, Seize printemps a un souci: où est l'élément perturbateur ? Une rencontre amoureuse, un amour, puis une fin en eau de boudin, et un métrage de 70 mn hors générique. Pourquoi? Ben parce que rien ne vient perturber cette histoire. Tout le monde acquiesce à cette étrange histoire d'amour ado-adulte, alors que justement, pour créer de la tension et du relief c'était là qu'il fallait introduire un élément perturbateur, et non pour forcément juger, mais pour créer simplement du relief, de l'action. Là, il se passe vraiment rien, mais rien de rien ! D'autant que l'histoire d'amour est platonique, bourgeoise, très molle et palichonne, et comme je disais, comme il n'y a aucune alchimie entre les acteurs, ben cette histoire n'a aucune force ni sensibilité.
Visuellement, le film hésite entre le réalisme comme je disais (décors sans relief, photo et réalisation au style quasi-documentaire, horribles sons ASMR typiquement français, par exemple avec les bruits de fourchettes, de mastication lors des repas!), et le conte (danse improvisée, irréalisme technologique vu qu'il y a plein de jeunes et 0 portable par exemple, Paris désertifié!). Pour moi l'erreur c'est de ne pas offrir un vrai conte, avec de vrais numéros dansés (ici c'est des improvisations pas synchrones pour un sou et sans ambition sur des musiques balancées à l'arrache), une vraie magie parisienne à la Amélie Poulain. Ne poussant pas le curseur assez loin, ça apparaît comme une fantaisie ridicule dans le film, et le réalisme lui donne une atmosphère de documentaire chiant comme la mort. Et en vrai, la musique n'est même pas là, car on a le droit à 4 tout petits morceaux dans le film, et la chanson de Delerm n'apparaît vraiment qu'au générique!
En conclusion, un premier film encensé très abusivement par la presse qui fait preuve d'une amabilité sans borne pour une Suzanne Lindon certes débutante mais qui livre une oeuvre foirée. Scénario pondu à 15 ans, ça ce sent, et le reste est à l'avenant. 1 pour quelques moments corrects et des idées poétiques mais totalement pas exploitées.