Avec l'usage de la fiction pour dénoncer le désastre écologique de la terre rouge, le film ne prends pas de gants et ne perds pas de temps pour nous exposer toute son histoire.
En une petite dizaine de minutes, tous les enjeux se révèlent incroyablement clairs avec très peu de dialogues. Farid Bentoumi utilise avec justesse le show dont tell, l'ironie dramatique et le set-up / pay-off pour qu'on s'installe face à cette histoire en comprenant ce qui se passe au même rythme que le personnage principal. Comme déjà dit et du début à la fin, les dialogues sont au compte goutte et chacun d'entre eux rend clair ce qui se passe sans créer de lourdeurs.
La direction de la photographie effectue elle aussi un travail narratif conséquent, déjà évidemment grâce à l'utilisation de la couleur rouge, notamment sur les vêtements qui marque l'évolution de l'histoire. On a peu de souci à comprendre le dilemme de Nour, pourquoi elle est là, pourquoi ce besoin de vérité et pourquoi elle a tant peur des conséquences que cette vérité pourrait avoir contre sa famille.
L'acting est propre, très propre, bien qu'un peu robotique par moment et c'est de là dont viendra pour moi le plus gros souci. "Rouge" est un thriller, une enquête, et c'est un genre qui trop souvent me bloque, justement, car on doit foncer en ligne droite pour tout raconter en peu de temps. Le problème que ça engendre, c'est qu'on mène des enquêtes pour le bien des gens, mais qu'on n'a que peu de temps pour s'intéresser au quotidien de ces mêmes gens si on veut tout raconter, ce qui créé une distance parfois sèche et froide. C'était déjà mon problème avec "Dark Waters" et "The Mauritanian", et ici, c'est la même chose: le sacrifice pour éveiller les consciences des gens, c'est de manquer de temps pour s'intéresser aux gens.
Dans ce qu'il accomplit cependant, "Rouge" réussi son pari, celui de montrer ce silence qui s'opère face à la précarité et la peur de voir cette petite ville être en danger si la vérité éclate, dénonçant à l'image de "à l'origine" de Giannoli comment des petites villes se retrouvent à être dépendante d'une usine, d'un chantier. Une vérité encore trop silencieuse en France comme dans le monde.
"Rouge" restera pour moi avant tout un thriller de lanceur d'alerte efficace, et même s'il ne sera que ça, malgré tout ses efforts pour créer des instants autour de la famille de Nour, il réussit à accomplir ce qu'il veut avant tout faire, provoquer l'éclatement de la vérité.