« 2046 », une suite magnifique du sublime « In the mood for love », en forme de remise en question, de miroir rédempteur. « 2046 », chiffre symbolique à multiples facettes : Un numéro de chambre d'hôtel où l'on a connu l'amour le plus intense, la fin d'un pacte de cinquante années de non intervention de la Chine sur Hong Kong après la rétrocession en 1997 de ce territoire britannique. « 2046 », une course effrénée à la recherche de l'âme sur improbable, presque vaine, car la rencontre doit arriver au bon moment : une seconde trop tôt, une seconde trop tard, et rien ne se passe d'autre que la médiocrité quotidienne de la vie. Celle des rencontres éphémères, animales, celles que la mémoire ne retiendra pas. Wong Kar-Waï dissèque le sentiment amoureux dans le tremblement, le déséquilibre, sans tomber dans le pessimisme noir. La soif de vie reste intacte, et ce film en est la preuve, puisqu'il tente de survivre aux démons d' « In the mood for love ». Un bon conseil, regardez « In the mood for love » avant de voir celui-ci, sinon cela risque d'être infiniment difficile pour la compréhension. Et pour colorer cette uvre majestueuse, des femmes actrices magnifiques, symboles suprêmes de l'héroïne de Hong-Kong d'hier et d'aujourd'hui : Maggie Cheung, Gong Li, Zhang Ziyi, Faye Wong, avec une note toute particulière pour Gong Li qui parvient un instant, par son jeu très dense, à faire oublier l'inoubliable Maggie Cheung de « In the mood for love ». Même le personnage joué par Tony Leung a failli se prendre au jeu un moment. Lui est tout bonnement sublime, très mature, dans son personnage faussement détaché rempli de tristesse. Chef-d'uvre, je ne sais pas, mais ça s'en rapproche chaudement !