Wladyslaw Szpilman, un pianiste juif polonais bien connu a eu de la chance, en échappant de peu à la déportation. Cependant, il se retrouve cloîtré dans le ghetto de Varsovie, où il est témoin des pires souffrances qu'un individu puisse se voir infliger. Ne pouvant plus supporter ces conditions de vie, il parvient à s'échapper. Mais de ce fait, il va devoir lutter. Lutter pour sa survie. Lutter pour la survie des autres. Des rencontres transformeront son destin, mais parviendra-t-il, de son côté, à changer le cours de l'Histoire ?
Quand un réalisateur s'attaque à une production relatant de faits réels, le plus difficile reste de s'en tenir aux événements, sans tenter de jouer sur les sentiments du spectateur par quelconque artifice. Pari gagné : "Le Pianiste" s'avère être un film criant de réalisme et de vérité. Roman Polanski réussit donc l'exploit de nous montrer toutes les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale (des images pourtant maintes fois vues), sans jamais tomber un seul instant dans le pathos. La traque, la famine, les camps de concentration, le travail forcé, les exécutions; rien n'est épargné au spectateur. Le malaise s'installe peu à peu, preuve que le film atteint bien son but. Ainsi, nous comprenons que loin du front (et de la vie des alliés américains, qu'Hollywood aime tant à nous rappeler), le combat se trouve être aussi rude.
Wladyslaw Szpilman, le protagoniste principal, se trouve être le symbole de cette lutte acharnée contre la mort. Car même s'il est parvenu à échapper à la déportation, sa vie n'en est pas moins horrible. En effet, nous assistons progressivement à l'enfermement du pianiste, qui, traqué, se voit dans l'obligation, petit à petit, de quitter tout ce qui lui est cher. Jusqu'à ne plus trouver de refuge. Nous pouvons donc ainsi évoquer la performance dantesque d'Adrian Brody, qui parvient, grâce à son jeu d'acteur, à montrer les effets moraux et physiques de la guerre sur l'individu (avec un travail minutieux sur les traits du visage, quand il s'agit d'évoquer le summum de l'épuisement chez l'homme).
Mais outre nous montrer toutes les horreurs de la guerre, "Le Pianiste" s'avère également être un questionnement intéressant sur l'art. Ce dernier est-il vecteur de rassemblement ? Parvient-il à passer au-delà des différences idéologiques et de langage ?
Roman Polanski réussit ainsi à mettre en scène un sujet lui tenant réellement à coeur, ayant lui-même vécu dans les ghettos polonais durant la Seconde Guerre Mondiale. Doublé d'une histoire humaine émouvante, ce travail de mémoire se doit d'être visionné par tous, afin de bien comprendre que la guerre ne s'est pas uniquement jouée sur le front. Chef d'oeuvre !
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