Quoi? Que trois étoiles? Une erreur, sans doute. Et bien, non. En réalité, je me trouve moi-même sévère mais je me vois pas lui attribuer davantage pour plusieurs raisons. La première : cliché. Oui, je suis navré, "Le pianiste" est trop conventionnel et ne fait, à mon sens, que survoler le sujet sans jamais l'étoffer. Peut-être pas assez violent, ou pas assez émouvant, ou pas assez les deux, je n'en sais rien, le constat n'en est pas moins le même. Ce qui m'amène à la seconde raison : académique. Formaté pour convaincre les juges et gagner des récompenses (ça n'a pas loupé d'ailleurs), la mise en scène est très statique et souffre beaucoup d'un manque d'inspiration évident. Troisième point : le casting. Chaque personnage est dépeint soit comme une victime, soit comme un criminel de guerre. Hormis une exception, tous les protagonistes se suivent et sont pris dans un engrenage commun où la mort les attend d'un coté, la gloire de l'autre. En bref, ce n'est jamais nuancé. Quatrième et non des moindres : le piano, élément incontournable qui aurait pu faire l'objet d'un message cinglant et révélateur, n'est finalement qu'un accessoire lambda destiné à crédibiliser davantage la présence d'Adrien Brody. D'où le cinquième point : le pianiste est beau, élégant, grand, tendre, humble et d'une grande patience. Ce qui contraste avec sa passivité à l'égard de ses ennemis, bourreaux bourrus qui n'ont d'autre ambition que d'humilier un peu plus à chaque fois son peuple. C'est donc autant un conflit juifs/nazis qu'un conflit gentils/méchants. Pas de développement, ni de seconde lecture possible, on s'en contente. Bien sur, il y a quand même des choses positives. A commencer par la photographie de l'œuvre, magnifique. La musique qui, si l'on aurait pu en attendre plus vu le thème abordé, est discrète et appréciable (pour autant, le césar n'est pas justifié), les décors réalistes et la période historique parfaitement retracée. Au delà de ça, c'est très long et pas toujours intéressant. Globalement, c'est tout juste pas mal.