Avec ce biopic sur Muhammad Ali, Michael Mann vient ici ajouter un genre manquant à sa filmographie déjà bien riche.
Le tout commence par un prologue très bizarre, déconcertant, avec des passages musicaux excessivement longs (revenant d'ailleurs plusieurs fois au court du film), montrant différentes époques, enjeux et propos.
Une fois que l'on saisit plus ou moins où Mann veut nous emmener, on comprend très vite qu'il va garder une certaine distance avec son personnage. Mann ne l'admirant pas, il le décrit ou l'analyse, il ne rentre pas complément dans son intimité et ne l'idéalise pas, il laisse même voir ses parts moins appréciables sans concession, comme son (quasi) radicalisme dans ses prises de position et ses idées, auquel on peut ne pas être d'accord, mais où l'on est obliger de saluer la détermination du bonhomme dans ses engagements. (C'est aussi le cas dans sa boxe, ou l'on oublie pas de montrer les moments moins intéressant et moins impressionnant, pas forcément des moments difficultés, juste des passages moins intense, j'y reviens plus tard niveau boxe). Voir un biopic où le personnage n'est pas idolatré et/ou intouchable, tout en le respectant profondément bien sur, ça change et ca fait du bien. Le personnage joué par Jamie Foxx en est aussi un bel exemple.
Ce qui m'a aussi marqué c'est que Michael Mann insiste beaucoup sur le fait que Ali, avant d'être un boxeur, est un mec qui se bat avec sa parole. Que ce soit en se jouant en spectacle à la pesée en démontant ses adversaires (alors même qu'on sent son stress) ou avec les journalistes sur lesquels il a un impact dingue, différemment que sur les foules dans ses déambulations ou son passage en Afrique. Les conférences de presse sont d'ailleurs toujours des moments forts, une effervescence s'en dégage comme pour montrer l'état dans lequel l'Amérique était quand on parlait de Muhammad Ali.
Il y a ce côté showman donc, mais aussi son côté engagé, sorte de porte parole, limite slammeur parfois. Car oui Ali est un film profondément politique, un portait d'une certaine Amérique. Mais sans oublier qu'il est un biopic, car presque toujours ce portrait des USA est du point de vue d'Ali : sa relation avec Malcolm X, sa réaction après sa mort, la ségrégation, l'Islam (qui prend une place extrêmement importante évidemment, jusque dans sa vie sentimentale), son regard sur les médias, sa lutte pour le droit des noirs, son refus d'aller combattre au Vietnam... C'est un homme seul, seul, contre tous, face à un gouvernement, c'est "le champion du peuple". On en oublierait presque qu'on regarde un film sur un des plus grands boxeurs de tout les temps.
Mais c'est sans compter sur cette partie boxe, elle aussi réussit. Mann nous offre des combats superbement filmé, utilisant des tas de plans differents, allant du gros plan basique jusqu'à l'utilisation d'une espèce de go-pro embarqué sur les athlètes, le tout avec un montage très nerveux. De plus, les mécaniques et les gimmicks d'Ali me semblent très bien retranscrite, Will Smith a fait un taf immense sur ce point, d'ailleurs je n'en ai pas parlé avant mais sa performance est excellente tout au long du métrage. Pour revenir sur les combats, j'ai adoré la façon dont ils sont amenés, en particulier le tout premier et le combat final, où la pression monte en crescendo, pour nous péter en pleine gueule avec en prime un gros suspens.
Ali c'est un peu l'Amérique vu par Muhammad, et c'est super, vraiment. Regarder le, il faut redorer le blason de ce film pour rendre hommage à cet immense champion qui nous a malheureusement quitté. Bravo Michael Mann.