Un âge pas si tendre
Pierre Salvadori n’est pas ce qu’on pourrait appeler un cinéaste linéaire. Il aime à changer de ton et de genre. En témoignent des comédies, comme En liberté, Dans la cour, De vraies mensonges ou des drames tels Un amour impossible, Max et Lenny, Planétarium… et ceux pour les dernières années, car le bonhomme hante les plateaux de cinéma depuis 30 ans. La petite bande, c’est Cat, Fouad, Antoine et Sami, quatre collégiens de 12 ans. Par fierté et provocation, ils s’embarquent dans un projet fou : faire sauter l’usine qui pollue leur rivière depuis des années. Mais dans le groupe fraîchement formé les désaccords sont fréquents et les votes à égalité paralysent constamment l’action. Pour se départager, ils décident alors de faire rentrer dans leur petite bande, Aimé, un gamin rejeté et solitaire. Aussi excités qu’affolés par l’ampleur de leur mission, les cinq complices vont apprendre à vivre et à se battre ensemble dans cette aventure drôle et incertaine qui va totalement les dépasser. 108 minutes drôles, tendres et émouvantes de 5 ados qui apprennent jusqu’où on peut aller trop loin.
C’est la première fois que Pierre Salvadori met en scène des personnages d’enfants. Intéressé à la fois par leur sens de l’improvisation, du mensonge, de la débrouille, mais aussi par leur goût pour l’engagement et leurs idées de la justice et de l’injustice, notre cinéaste nous propose un joli cocktail, d’humour et de poésie. En évitant le film édifiant sur l’écologie béate, il a construit des personnages qui ne sont pas à l’origine dans une démarche militante mais qui ont toutefois conscience des problèmes environnementaux, un nouveau genre d’enfants en qui cohabitent innocence et conscience, légèreté et abattement. Les paysages des alentours de Santo-Pietro-di-Venaco, en Corse, offre un écrin sublime à cette aventure légère et grave à la fois. La mécanique burlesque fonctionne à plein régime et nous entraîne dans une aventure familiale… pour tout public estival.
Mais le grand atout de cette comédie tendre reste les 5 gamins quasi débutants, Paul Belhoste, Mathys Clodion-Gines, Aymé Mèdeville, Colombe Schmidt et Redwan Sellam… des noms à retenir. Ils sont épatants de justesse et ne cabotinent jamais. Ils nous font croite à l’improbable. Face à eux, l’excellent Laurent Capelluto semble presque en faire un peu trop dans le rôle du grand méchant. Mais la gravité est au rendez-vous à travers les thèmes abordés dont les enjeux se dévoilent progressivement. Un scénario habile, une mise en scène solaire et une direction d’acteurs parfaites pour les 5 enfants de cette petite bande en lutte pour sauver leur paradis perdu. Une parabole dans l’air – pollué - du temps.