Comme l’indique le titre, il s’agit d’un film d’amour, entre Shauna Loszinsky (Fanny ARDANT, 73 ans), ancienne architecte, divorcée (
son mari la trompait
), grand-mère de 70 ans qui partage son temps entre Paris et l’Irlande (dans la maison de son grand-père, au bord de la mer) et Pierre Escande (Melvil POUPAUD, 49 ans), médecin oncologue à Lyon, marié, à un médecin (Cécile de France, 47 ans) dont il a 2 adolescents. Leur rencontre à 15 ans d’intervalle (d’abord à Lyon en décembre 2006 puis en Irlande) est fortuite, Pierre ayant soigné à l’hôpital, Mathilde, amie de Shauna et mère de son collègue médecin Georges. Le film n’a rien à voir avec « Harold et Maud » (1971) d’Hal Ashby, typique des années 70 et avec un écart d’âge encore plus important entre les 2 protagonistes et se rapprocherait plus de « Parfum de femme » (1974) de Dino Risi où le personnage aveugle et handicapé, joué par Vittorio Gassman, refuse l’amour (qu’il prend pour de la pitié) de la jeune et belle Sara. Comme dans tout adultère, la situation est compliquée :
Shauna voit sa maladie de Parkinson s’aggraver, (disant à Pierre « de ne pas bouleverser sa vie pour une femme qui n’a pas d’avenir » puis plus tard, alors qu’il est sous la pluie devant son immeuble, « Si tu m’aimes, va-t’en »), la femme de Pierre (« l’homme de sa vie avec lequel elle veut vieillir »), qui au début ne voulait pas savoir puis se sent humiliée car « détrônée » par une femme plus âgée, la fille de Shauna contente pour sa mère mais un peu jalouse, elle qui est seule après son divorce, tout comme Georges, éternel célibataire et faisant des leçons de morale à Pierre (il est le parrain de sa fille)
. Cela reste un film d’amour et une ode à la vie et au présent où les 2 amants, sans illusions sur l’avenir, respirent, quand même, le même air. Carpe diem ! Il aborde aussi la vie sentimentale et sexuelle des séniors dont le quotidien ne se résume pas à garder les petits enfants ou à vivre en EHPAD. Les dialogues sont justes, pleins de sensibilité, avec une belle photographie, notamment des intérieurs. Le film est dédié à Sólveig Anspach qui a écrit le scénario mais qu’elle n’a pu tourner car décédée d’un cancer du sein récidivant à 54 ans en 2015.